Quels effets des traitements neuroleptiques prolongés sur le volume cérébral ?

by **ismano** Tue 19 Apr - 20:44

Si les changements de volume progressifs du cerveau sont connus dans l’évolution de la schizophrénie, on les attribue généralement à la maladie elle-même. Cependant, des travaux récents sur l’animal suggèrent que l’usage des médicaments neuroleptiques pourrait aussi contribuer à cette réduction du volume cérébral. Comme ces médicaments sont prescrits au longs cours chez des patients psychotiques, et même « de plus en plus largement utilisés dans d’autres indications psychiatriques », il est nécessaire de rechercher leurs éventuels effets à long terme sur le cerveau humain.

C’est l’objet d’une étude longitudinale, conduite aux États-Unis sous l’égide du NIMH[1], auprès de 211 sujets psychotiques (152 hommes et 59 femmes) suivis entre 1991 et 2009 en neuro-imagerie par résonance magnétique (en moyenne 3 examens par patient durant cette période) pour évaluer le rôle respectif de quatre facteurs possibles sur la diminution du volume cérébral : durée de la maladie, sévérité des troubles, addiction à certaines substances (alcool, cannabis…) et importance du traitement neuroleptique. Les auteurs observent « une association entre les posologies des traitements neuroleptiques et des indicateurs généraux et spécifiques d’une réduction des tissus cérébraux », après la prise en compte des trois autres facteurs considérés.

Concrètement, des posologies plus élevées s’accompagnent d’une tendance à la réduction des volumes de matière grise, et ce phénomène vaut aussi pour la « diminution progressive » (progressive decrement) de la matière blanche, plus marquée chez les patients « recevant davantage de neuroleptiques. » La sévérité des troubles psychotiques présente au contraire une corrélation « relativement modeste » avec cette réduction des volumes cérébraux, et le mésusage de certains produits (drogues illicites, alcool) n’a « pas d’effet significatif » (no significant associations), après ajustement pour intégrer les effets des autres variables.

Se révélant convergentes avec des études menées chez l’animal, ces conclusions prouvent aux auteurs que les traitements neuroleptiques ont une « influence subtile mais perceptible » (subtle but mesurable) sur la dépréciation progressive du tissu cérébral. Ce constat impose donc le rappel de la règle d’or de la pharmacologie, une évaluation toujours attentive du rapport bénéfices /risques, et incite à ne recourir à ces médicaments que dans leurs indications notoirement reconnues, et jamais en dehors de ces indications éprouvées (off label use).

Dr Alain Cohen

Beng-Choon Ho et coll. : Long-term antipsychotic treatment and brain volumes. Arch Gen Psychiatry 2001 ; 68 (2) : 128-137.

by **nour elhouda** Fri 2 Nov - 17:58

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