Téléphones portables et cancers du cerveau : l'état des connaissances
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Téléphones portables et cancers du cerveau : l'état des connaissances
Téléphones portables et cancers du cerveau : l'état des connaissances
Les téléphones portables engendrent-ils des cancers du cerveau ? La question demeure, et les ondes électromagnétiques nécessaires aux communications sont rangées dans la catégorie des cancérogènes possibles par les instances de santé. Isabelle Deltour revient sur les études épidémiologiques menées ou en cours lors du congrès Eurocancer, afin de faire un état des lieux des connaissances.
Depuis quelques années, les téléphones portables sont entrés de plain-pied dans nos vies. Mais cette introduction à une vitesse importante n'a pas permis aux scientifiques de prendre le recul suffisant pour constater les éventuels dangers sur notre santé. Or, certains suspectent les ondes électromagnétiques reçues durant une communication d'être néfastes, et potentiellement à l'origine de cancers. Ceux-ci se concentreraient plutôt au niveau de la tête, et donc du cerveau, car c'est l'organe qui reçoit les doses les plus fortes durant les communications. Celles-ci décroissent très vite avec la distance.
Différentes études de grande ampleur ont été menées. Isabelle Deltour, chercheuse au Centre international de recherche sur le cancer (Circ), basé à Lyon, est revenue sur leurs conclusions lors du congrès Eurocancer.
Le Circ, agence de l'OMS spécialisée dans le cancer, range les différents agents chimiques, biologiques ou physiques dans différentes catégories, allant de 1 à 4, afin de les classer selon les preuves de leur cancérogénicité (la catégorie 1 caractérisant ceux dont l'aspect cancérigène est avéré, comme l'amiante).
Les téléphones portables, cancérigènes possibles...
Une première méta-analyse a été menée à partir des données récoltées jusqu'en 2011. Parmi elles, la fameuse étude Interphone, qui mesurait l'impact de l'utilisation du téléphone mobile sur les gliomes et les neurinomes acoustiques, deux formes de tumeur au cerveau.
Malheureusement, malgré la bonne volonté des chercheurs, de nombreux biais expérimentaux ont été constatés. Lorsqu'il était demandé aux volontaires de mentionner leur utilisation réelle de leur cellulaire, l'analyse auprès des opérateurs téléphoniques révèle que les participants sous-estimaient jusqu'à 8 fois le temps réellement écoulé, ou au contraire pouvaient le surestimaient 17 fois.
L'étude concluait néanmoins qu'il n'y avait aucun risque constaté pour la majorité des utilisateurs. En revanche, pour les 10 % les plus bavards, les risques de gliomes sont augmentés de 40 %, et ils sont même multipliés par 2,79 pour les neurinomes. Devant cette incertitude, le Circ a donc décidé de ranger les ondes électromagnétiques dans la catégorie 2b, et donc considérées potentiellement cancérigènes.
... mais les éléments scientifiques sont plutôt rassurants
Depuis cette étude de référence, cinq nouvelles recherches ont été menées, surtout dans les pays scandinaves. Parmi elles, une étude d'incidence. Dans ces pays, il existe un registre des cancers qui répertorie tous les cas constatés, et ces recherches se focalisent sur ces données. Ainsi, avec la banalisation des portables ces 15 dernières années, si les cancers au cerveau s'étaient généralisés, on le constaterait indubitablement dans ces registres.
Or, l'étude ne démontre aucune augmentation des cas annoncés de cancer au cerveau à l'échelle des populations du Danemark, de la Finlande, de la Norvège et de la Suède, et jusqu'en 2008. Cela sous-entend que le téléphone mobile n'est pas, d'un point de vue global, responsable de cas de cancers du cerveau. Les quatre autres études aboutissent à des conclusions similaires. Autrement dit, au regard des données scientifiques actuelles, rien ne prouverait que les portables sont mauvais pour le cerveau, selon Isabelle Deltour.
Mais les investigations se poursuivent. La cohorte Cosmos comprend 300.000 personnes suivies régulièrement. Plus moderne, celle-ci essaie de prendre en compte les nouvelles technologies qui permettent d'être connecté 24 heures sur 24. En outre, elle ne s'intéresse plus seulement à la position du téléphone durant les communications, mais également à l’endroit où il est porté le reste du temps. Le doute subsiste, l'enquête persiste...
**Source:
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences
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