"Tara", voilier de la biodiversité
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"Tara", voilier de la biodiversité
"Tara", voilier de la biodiversité
Premier bilan pour l'expédition Tara Océans. Le voilier, Tara, transformé en laboratoire flottant, a quitté Lorient le 5 septembre et se trouve actuellement dans l'océan Indien, à Mayotte. Sa mission ? Arpenter pendant trois ans toutes les mers du globe pour récolter et caractériser des organismes planctoniques - virus, bactéries, larves, protistes, algues, etc. - une vie microscopique, pour l'essentiel encore méconnue.
"C'est la première fois au XXIe siècle qu'on a l'ambition de refaire un tour du monde pour revisiter la zoologie et la botanique, grâce à la biologie moléculaire", s'est félicitée Françoise Gaill, directrice de l'Institut écologie et environnement du CNRS, lors de la présentation à Paris, mercredi 2 juin, des premiers résultats de l'expédition. "Ces recherches vont permettre de faire un "point zéro" de ces écosystèmes et d'étudier leur évolution", alors que la planète connaît une crise climatique dans laquelle la vie marine est partie prenante.
"Ces micro-organismes, c'est tout un monde, qui joue un rôle fondamental dans la régulation du climat, mais qui est aussi à la base de la chaîne alimentaire", souligne Eric Karsenti, chercheur du CNRS détaché à l'European Molecular Biology Laboratory (EMB) d'Heidelberg (Allemagne), codirecteur de Tara Océans. Comment ces communautés continueront-elles à absorber le CO2, à mesure que la concentration de ce gaz à effet de serre augmentera en raison des émissions d'origine humaine ? Quel sera l'impact sur leur fonctionnement de l'acidification des eaux liée à cet apport de CO2 ? Telles sont les questions que cet exercice de recensement naturaliste d'un nouveau genre devrait permettre d'aborder.
Tara Océans, et sa vingtaine de laboratoires associés de par le monde, ne se contente pas de filtrer la vie dérivante dans l'eau de mer, de la trier selon sa forme et sa taille grâce à des microscopes automatiques, d'analyser ses gènes - toutes activités qui supposent protocoles rigoureux et logistique sans faille sur une goélette de 36 mètres de long. L'objectif est de corréler cette masse de données avec les conditions physiques de collecte : température, profondeur (jusqu'à 2 000 m), salinité, acidité... Il s'agit de saisir chaque écosystème dans son intégralité.
Une gageure, quand on sait que, dans chaque litre d'eau de mer, on peut dénombrer "de 10 000 à 100 000 organismes planctoniques, de 1 à 10 millions de protistes et de 10 à 100 millions de virus", rappelle Colomban de Vargas (CNRS, Roscoff). Sans parler des bactéries, dont l'Américain John Craig Venter, sur son Sorcerer-II, fut le premier dès 2004 à décrire l'affolante diversité.
"Peut-on faire de la biogéographie dans les océans, caractériser des milieux de vie dans des frontières physiques, comme on le fait sur la terre ferme ?, s'interroge Fabrizio D'Ortenzio, du Laboratoire d'océanographie de Villefranche (CNRS, université Pierre-et-Marie-Curie). La réponse est oui, mais on est confronté à un nombre infini de structures - courants, tourbillons - dont les frontières bougent tout le temps." C'est pourquoi Tara ne filtre pas au hasard, mais sous l'oeil de satellites et de modèles numériques qui permettent de pointer les zones les plus caractéristiques.
C'est ainsi que des gliders, sortes d'automates sous-marins, ont été largués au large de Chypre pour étudier en profondeur un tourbillon dont les satellites ne percevaient que la signature de surface. A l'inverse, les échantillons puisés par le deux-mâts en Méditerranée ont aidé la NASA à calibrer certains de ses satellites, capables de percevoir depuis le ciel une partie de l'activité planctonique.
L'odyssée de Tara ne fait que commencer. Mais ses marins ont déjà dû affronter quelques coups de vent. Faire place à Djibouti à une dizaine de fusiliers marins venus les protéger d'éventuels pirates. Essuyer le refus de l'Inde d'autoriser l'entrée dans ses eaux, New Delhi voyant dans les chercheurs des biopirates potentiels venus piller les trésors biochimiques que sont susceptibles de receler les micro-organismes. De fait, la vie marine est une source infinie d'enzymes et de principes actifs susceptibles d'intéresser l'industrie.
Pour l'heure, celle-ci, comme les pouvoirs publics, se fait tirer l'oreille pour financer l'expédition : il manque encore 800 000 euros pour boucler son budget 2010. "C'est un casse-tête permanent", indique Etienne Bourgois, codirecteur du Tara Océans et patron d'Agnès b., qui espère que Tara ne sera pas entraîné dans le sillage de La Boudeuse, autre voilier "scientifique" cloué à quai, voire à vendre, faute de crédits.
Hervé Morin
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