Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens
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Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens
Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens Al-asalib al-nabawiyyah (livre) par le cheikh Muhammad Salih Al Munajid Sommaire Introduction Les points à noter quand on traite des erreurs Les méthodes du Prophète quand il traitait les erreurs Conclusion Introduction : Bismillah alrahman alrahim Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Plus miséricordieux, Louanges à Allah, Seigneur de tous les cieux , Maître du Jugement dernier, Seigneur de tous les temps, Créateur du paradis et de la terre , paix et bénédictions sur Son Prophète, qui est digne de confiance et qui est l’éducateur de l’humanité. Il a été envoyé comme bénédiction à tous les peuples. Enseigner aux gens de manière bénéfique est un des plus grands bienfaits. Des prophètes et des messagers, nous avons hérité des éducateurs et des da’iwats. “ Allah et les Anges et même la fourmi et la baleine dans la mer prieront pour celui ou celle qui enseigne les chemins du bien. ” Hadith rapporté par al-Tirmidhi, éd. Ahmad Chakir. no.2865. Abu ‘Esa nous dit qu’il s’agit d’un sahih gharib un hadith hasan. L’enseignement comporte différentes branches, c’est un domaine très vaste. Il peut être envisagé de diverses manières. Il est pratiqué selon de multiples méthodes et de moyens mis en oeuvre afin de le mener à bien. Une des branches de l’enseignement est celle qui consiste corriger les erreurs de ceux qui nous entourent. Corriger nos erreurs, c’est une partie de notre éducation. Ces deux domaines sont comme les deux faces d’une même pièce. S’occuper et corriger ses erreurs sont des activités que l’on inclut dans ce que l’on appelle la sincérité dans notre religion (nasihah), qui reste, d’ailleurs, un devoir pour tous les musulmans. Les rapports qu’entretiennent ce terme de sincérité et l’idée d’encourager à faire le bien et d’empêcher le mal qui est aussi un devoir sont assez évidents. Mais nous devons noter que le domaine des erreurs es bien plus large que celui du mal (munkar). En fait, une erreur peut aussi bien être mauvaise que ne pas l’être vraiment. Corriger les erreurs des autres fait partie du wahy (la révélation) et de la méthodologie du Coran. Le Coran nous a livré des interdictions et des commandements, des autorisations et des dénonciations ainsi que des corrections à nos éventuelles erreurs, même des erreurs faites par le Prophète lui-même. Dans la correction de ses erreurs, d’abord il est fait mention des erreurs elles-mêmes et ensuite des reproches comme par exemple il est dit dans la sourate abasa 80, 1-10 : “ Il [le Prophète] fronça les sourcils et se détourna car un homme aveugle [‘Abd-Allah ibn Umm Maktoum alors qu’il était en train de prêcher auprès d’un ou plusieurs chefs des Quraichs] vint vers lui. Mais si tu lui avais parlé, il se serait peut-être purifié de tous ses pêchés ? Il aurait peut-être bien pu recevoir une bénédiction divine ? Alors que tu as préféré apporter ton aide à celui qui se contente de lui-même. Peu importe qu’il ne devienne pas pur (car il ne croit pas, tu n’es qu’un Messager et ton devoir est de livrer le Message d’Allah). Mais tu as préféré courir vers lui. Alors que lui qui craint (Allah et de Sa Punition), tu le négliges et tu en détournes ton attention pour la donner à un autre. ” “ Et rappelle-toi quand tu (Mohammed) lui as dit (Zayd ibn Haarithah, l’esclave émancipée du Prophète) sur qui Allah a posé Sa Grâce (en le guidant vers l’Islam) et toi aussi tu lui as fait une faveur (en le libérant) : ‘Garde ta femme pour toi et et crains Allah.’ Mais au fond de toi, tu as caché (ce qu’Allah t’a déjà fait savoir— i.e. qu’Il te la donnera en mariage) ce qu’Allah a rendu évident car tu craignais les gens alors que tu ferais mieux de craindre Allah, c’est un devoir. ” Sourate al-Azhab 33 : 38. “ O Mohammed La décision ne t’appartient pas ; Il peut soit accorder Sa Miséricorde, soit Punir. En fait ce sont les zalimoun (polythéistes, les désobéissants, les malfaisants... ” Sourate Aal’Imran 3:128. Le Coran a été également révélé pour corriger les erreurs des Compagnons dans certaines situations. Allah dit : “ O vous qui croyez ! N’accordez pas votre amitié à Mes Ennemis et aux vôtres en leur montrant de l’affection alors qu’ils ne croient pas à ce qui vous est parvenu comme étant la vérité, et qu’ils ont chassé le Messager et vous-mêmes (de chez vous) car vous croyez en Allah votre Seigneur ! Si vous vous êtes avancés jusque-là pour Ma cause et pour obtenir Ma Bonté (alors n’accordez pas votre amitié à ces mécréants, ces polythéistes...). Si vous le faîtes même en secret, je serais au courant de tout ce que vous dissimulerez et que vous révélerez. Et quiconque d’entre vous le fera, alors il se sera égaré loin du droit Chemin. ” Sourate al-Mumtahinah 60 :1. En ce qui concerne ceux qui ont combattu lors de la bataille de Uhud et qui ont quitté leur poste alors que Prophète leur avait demandé de le garder, Allah dit ceci : “ Jusqu’au moment où vous perdrez votre courage et vous vous mettrez à vous disputer en ce qui concerne l’ordre et que vous désobéirez alors qu’il vous a montré ce qu’était Son Amour. Parmi vous, il y en a qui désirent ce monde ici-bas et d’autres l’au-delà... ” Sourate al-Imran 3 :152. Quand le Prophète s’éloigna de ses femmes pour les discipliner et que certains ont propagé la rumeur qu’il avez divorcé, Allah dit : “ Quand ils apprennent quelque chose qui a un rapport avec la sécurité (publique) ou avec la crainte, ils le font savoir (à tout le monde). Si seulement ils avaient prévenu le Messager ou ceux qui sont chargés de l’autorité, les personnes concernées l’auraient su directement de la source même... ” Sourate al-Nisa’ 4 :83. Quand quelques musulmans n’ont pas réussi à émigrer de La Mecque à Médine sans aucune excuse valable, Allah dit : “ Sincèrement ! En ce qui concerne les personnes que les anges prennent (dans la mort) alors qu’ils se mentent à eux-mêmes (en d’autres termes, ils sont restés parmi les mécréants alors qu’ils étaient obligés d’émigrer) les anges leurs diront : ‘Dans quelles situations étiez-vous ?’ Ils répondront : ‘Nous étions faibles et opprimés par la Terre ici-bas.’ Les anges ajouteront : ‘Est-ce que la terre d’Allah n’était pas assez grande pour que vous puissiez émigrer ailleurs ?’... ” Sourate al-Nisa’ 4 :97. Quand quelques-uns des Compagnons croyaient et répétaient des rumeurs des munafiqin accusant ‘Aicha de quelque chose dont elle était innocente, Allah révéla des ayyat concernant ce mensonge : “ Si ce n’était pas pour la Grâce d’Allah et pour Sa Bénédiction pour vous ici-bas et dans l’au-delà, vous auriez été accablés par un grand tourment. Quand vous étiez en train de propagez avec vos langues et que vous prononciez avec vos bouches quelque chose dont par ailleurs vous n’aviez aucune preuve, vous estimiez qu’il ne s’agissait pas de pas grand chose. Or pour Allah, ceci était extrêmement grave. ” Sourate al-Nour 24:14 Alors Allah dit à ce sujet : “ Et n’avez-vous pas dit quand vous avez entendu dire ceci : ‘Nous n’avons pas le droit de parler comme cela. Gloire à Toi (O Allah) c’est un énorme mensonge’ ? Allah vous l’a interdit et vous a avertis qu’il ne fallait pas le répéter et ce pour toujours, si vous étiez vraiment des croyants. ” Quand quelques uns des Compagnons se disputaient en la présence du Prophète et qu’ils élevaient la voix, Allah dit : “ O vous qui croyez ! Ne vous mettez pas au devant d’Allah et de Son Messager et craignez Allah. Sincèrement Allah Entend Tout et Est Omniscient ! ” “ O vous qui croyez ! N’élevez pas la voix au-delà de celle du Prophète, et ne lui parler pas à haute voix comme si vous vous parlez entre vous sinon vos actes seront stériles même si vous ne comprenez pas pourquoi. ” Sourate al-Hujarat 49 :1-2. Quand la caravane arriva le vendredi de la Khutbah, certaines personnes quittèrent la Khutbah et se dispersèrent pour s’adonner au commerce. A ce sujet Allah nous dit : “ Et quand ils voient de la marchandise ou du divertissement, ils y vont immédiatement et te laissent (Mohammed) debout (alors que tu fais la Khutbah). Alors dis : ‘Ce qu’Allah a est bien mieux que n’importe lequel des divertissements et n’importe laquelle des marchandises ! Allah est le Meilleur des Fournisseurs ! ” Sourate al-Jumu’ah 62 :11 Il y a bien d’autres exemples qui montrent qu’il est important de corriger ses erreurs et de ne pas rester passif en face de telles situations. Le Prophète était guidé par la Lumière de Son Seigneur quand il dénonçait le mal et corrigeait les erreurs sans faire de compromis. D’après ce commentaire et d’autres encore, des savants sont arrivés à ce principe : “ Le Prophète n’avait pas le droit de laisser traîner des erreurs et il devait justifier de leur valeur auprès de ceux qui les commettaient en temps voulu.” Comprendre la méthodologie du Prophète quand il s’occupait de corriger des erreurs des gens est très important car il avait été guidé par son Seigneur. Ses paroles et ses actes étaient obtenus par le wahy, confirmés et corrigés autant que nécessaire. Ses méthodes sont les plus sages et les plus efficaces et faire recours à ses approches sont la meilleure manière de faire réagir les gens dans le bon sens. Si quelqu’un qui le a le statut de guider et d’enseigner aux autres adopte ces méthodes et cette approche, il aura beaucoup de succès. Suivre la méthode et l’approche du Prophète implique aussi que l’on suive son exemple, car il est notre meilleur modèle et ceci nous permettra d’être grandement récompensé par Allah si notre intention est sincère. Connaître les méthodes du Prophète démontre les failles de la méthodologie montée par l’homme -d’ailleurs suivie par tout le monde ici-bas- Une grande partie de cette méthodologie s’avère être clairement une déformation basée sur des théories corrompues comme la liberté absolue ou sur des héritages erronées comme l’imitation aveugle des parents et des grand-parents. Nous devons signaler qu’une application pratique de cette méthodologie dans la vie courante repose principalement sur l’ijtihad (en d’autres termes, bien connaître la situation et adopter la meilleure démarche en fonction des circonstances). Ceci signifie qu’il faut choisir les meilleures méthodes face à une situation donnée. Quiconque comprend la nature humaine sera donc capable de remarquer les similarités qui existent entre les situations de la vie quotidienne et les situations décrites dans ces textes. C’est ainsi qu’il ou elle sera capable d’être meilleur(e) juge quant à la méthode à utiliser parmi les méthodes utilisées par le Prophète . Dans ce livre il est question d’essayer d’étudier les méthodes du Prophète quant aux erreurs de gens de différent niveau social et différent statut, et qui étaient ses contemporains. Je demande à Allah de donner du succès à ce livre et d’en éviter les erreurs, d’en faire profiter mes sœurs et frères musulmans et moi-même car Il Contrôle tout et Il en est Capable. Il est aussi le Guide vers le Droit Chemin. |
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Re: Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens
I. Les points à noter quand on traite des erreurs : Avant de nous embarquer dans un tel sujet nous devrions prendre en considération certains points de vue et aspects de la question que nous devrions sans cesse garder en tête. La sincérité envers Allah : Quand on corrige les erreurs des autres, il est primordial d’avoir pour intention de gagner le plaisir d’Allah, et surtout de ne pas démontrer de la supériorité envers celui ou celle que l‘on corrige, ni d’en profiter par moments de colère, ni d’impressionner les autres. Al Tirmidhi rapporta dans Chufai al-Asbahi qu’il entra à Médine et vit un homme avec autour de lui des gens. Il demanda : “ Abu Hurayrah, d’après lui [Chufai] qui dit : ‘ Alors je m’approchai de lui et je me suis assis en face de lui. Il parlait aux gens, et quand il eut terminé, ils s’en allèrent. Je lui dis : ‘Je te demande, au nom d’Allah, de me raconter un hadith que tu as entendu du Messager d’Allah et que tu as bien compris.’ Abu Hurayrah me répondit : ‘Je vais le faire, je vais te dire un hadith que j’ai entendu dire du Messager d’Allah et que j’ai bien compris.’ Alors Abu Hurayrah se mit à haleter et resta dans la même position jusqu’à ce qu’il alla mieux. C’est à ce moment-là qu’il me dit : ‘Je vais te dire un hadith que le Messager d’Allah me dit quand nous étions dans cette maison et que personne d’autre n’était présent à l’exception de lui et de moi.’ Alors le souffle d’Abu Hurayrah se coupa de nouveau et il le retrouva quelques instants plus tard. Il s’essuya le visage et me dit : ‘Je vais te raconter un hadith que le Messager d’Allah me dit quand nous étions dans cette maison et qu’il n’y avait personne d’autre ici excepté lui et moi.’ Mais Abu Hurayrah se mit à avoir une respiration encore plus coupée. Sa tête tomba en avant. Je lui apportai de l’aide avec mon épaule pendant un long moment. Quand il se ressaisit, il me dit : ‘Le Messager d’Allah me dit : ‘Quand le Jour du Jugement Dernier viendra, Allah descendra pour juger tout le monde. Et toutes les nations se mettront à genoux pour se soumettre à Lui. Les premières personne qui seront appelées sont celui qui a appris le Coran par coeur, celui qui a tué au nom d’Allah et celui qui a ramassé le plus d’argent. Allah dit à celui qui a appris le Coran par cœur : ’Ne vous ai-Je pas enseigné ce que j’ai révélé à Mon Messager ?’ Il Dira : ‘ Bien sûr que si Mon Seigneur.’ Allah répondra : ‘Qu’as-tu fait de ce qu’on t’as enseigné alors ?’ Il dit : ‘Je me levais la nuit et pendant la journée pour réciter le Coran’ Allah lui répondra : ‘Tu as menti.’ Et les anges aussi diront : ‘ Tu as menti.’ Allah poursuivra en disant : ‘Tu voulais seulement qu’on dise de toi que tu es un érudit.’ Celui qui aura ramassé le plus d’argent sera appelé à son tour. Allah lui dira : ‘ Ne t’ai-Je pas donné de l’argent en abondance de telle manière à ce que tu ne sois dépendant de personne ?’ Celui-ci lui répondra : ‘Oui, Mon Seigneur.’ Allah lui demandera : ‘Qu’as-tu fait de tout ce que je t’ai donné ?’ Il lui répondra : Je l’ai donné à mon entourage en guise d’aumône.’ Allah dira alors : ‘Tu mens.’ Et les anges répéteront : ‘Tu mens.’ Allah lui dira : ‘Tu voulais seulement qu’on dise de toi qu’untel est généreux.’ Ensuite il est rapporté qu’on appellera celui qui tuera au nom D’Allah. Allah lui demandera : ‘Pourquoi as-tu tué ?’ Il répondra : ‘On m’ordonna de faire le jihad en Ton Nom alors j’ai combattu jusqu’à la mort.’ Allah lui dira : ‘Tu mens.’ Et les anges diront aussi : ‘Tu mens.’ Allah continuera : ‘Tu voulais seulement qu’on dise de toi qu’untel est courageux’. Alors le Messager d’Allah me frappa au niveau de mes genoux et me dit : ‘Ce sont les trois personnes pour qui le Feu sera prêt le Jour de la Résurrection.’ ” Sunan al-Tirmidhi, no. 2382, éd. Chakir. Abu ‘Esa nous dit qu’il s’agit d’un hadith gharib hasan. Si l’intention de la personne qui donne un conseil est sincère, il gagnera une récompense auprès d’Allah et son acte de bienveillance travaillera pour son salut. Faire des erreurs fait partie de la nature humaine Le Prophète nous dit : “ Tous les fils d’Adam font des erreurs mais le meilleur d’entre eux est celui qui se repent. ” Hadith rapporté par al-Tirmidhi, no. 2499 et par Ibn Majah qui raconta cette version dans éd. Al Sunan, et par ‘Abd al-Baqui. Il faut garder en tête cette information pour que celui qui enseigne ne s’attende pas à ce qu’on soit infaillible ou parfait, ou encore qu’il juge en fonction de ses préjugés si bien qu’il croira qu’il a échoué si la personne en question fait une grosse erreur ou qu’il la refait sans cesse. Il devrait les traiter de manière réaliste en partant d’une connaissance de la nature humaine sujette à la négligence, à des insuffisances, à des caprices, des désirs et à l’inattention. En comprenant cet acte, l’éducateur ne sera pas complètement choqué en face de quelqu’un qui aura fait un grande erreur, ou n’aura pas une attitude qui le ferait réagir de manière inconvenable. Ceci serait l’occasion de rappeler aux da’wyahs et aux éducateurs qui s’efforcent de faire le bien et d’interdire le mal qu’ils sont eux aussi des êtres humains susceptibles de faire des erreurs. Par conséquent, ils devraient traiter les personnes qui sont supposées avoir commis une erreur sur un pied de compassion plutôt que de réagir avec sévérité car le but principal est de corriger un type de comportement ou pensée et non de punir. Mais cela ne veut pas dire qu’on devrait laisser les gens qui commettent des erreurs de côté ou encore trouver des excuses à ceux qui commettent des pêchés en se disant que ce ne sont que des humains, ou encore que ce ne sont que des jeunes gens et que la vie aujourd’hui est pleine de tentations et ainsi de suite. Nous devons dénoncer ces actions et susciter une prise de conscience auprès de ces gens mais en même temps il faut évaluer ces actes en fonction de ce que nous dit l’Islam. Dire que quelqu’un agit mal doit rester une affirmation basée sur des preuves de la chari’a et le résultat d’une compréhension appropriée et non pas sur une ignorance du sujet ou tout simplement parce qu’on n’aime pas ce type d’attitude ou de pensée. Mohammed Ibn al-Munkadir rapporta que Jabir pria en portant seulement un izar (le bas d’un vêtement qu’il s’enveloppa autour de la taille) attaché à son dos (la raison à ceci est qu’il n’avait pas de pantalon et porter un izar attaché au dos qui cachait bien le corps surtout au moment de faire le soujoud ou le roukou’). Fath al-Bari, éd. Al-Chafa’i., 1/467. « Alors que ses autres vêtements étaient accrochés à une sorte de cintre, quelqu’un lui dit : ‘Pries-tu dans un seul vêtement ?’ Il répondit : ‘Je le fais pour que les gens idiots comme toi puissent me voir. Qui donc portent deux vêtements au temps du Messager d’Allah ?’ » Hadith rapporté par al-Bukhari, al-Fath, no.352. Ibn Hajar nous dit : “ Par le terme ‘idiot’ il est sous-entendu ‘ignorant’... Le but de cette réplique était de faire comprendre qu’il était possible de prier avec un seul vêtement, même si prier avec deux vêtements est préférable. Autrement dit, par ses paroles, Jabir voulait dire que : “ Je l’ai fait dans le but de montrer qu’il est possible d’agir ainsi si bien qu’on puisse soit en faire autant soit me faire un reproche et auquel cas j’apporterai l’explication adéquate qui consiste à dire justement que prier avec un seul vêtement est permis.’ La raison pour laquelle sa réponse était si dure est dû au fait qu’il voulait leur montrer qu’il ne fallait pas faire de reproches aux savants et qu’il fallait les encourager à chercher par eux-mêmes dans la charai’a. » Al-Fath, 1/467. Plus une erreur est grave, plus on doit faire des efforts pour la corriger : On doit faire bien plus d’effort pour corriger les erreurs qui ont un rapport avec la ‘aquidah que pour traiter de tout ce qui a un lien avec l’étiquette, par exemple. Le Prophète était bien plus préoccupé par les erreurs qui avaient un lien avec le chirk sous toutes ses formes, car c’était la chose la plus importante. En voici des illustrations : Al-Mughirah ibn Chu’bah nous dit : “ Une éclipse du soleil se produisit le jour où Ibrahim (le nourrisson du Prophète ) mourut et les gens dirent : ‘s’il y a eu l’éclipse, c’est à cause de la mort d’Ibrahim.’ Le Messager d’Allah leur dit : ‘Le soleil et la lune sont deux signes d’Allah et l’éclipse de l’un ou de l’autre ne signifie donc pas la mort ou la vie de quelqu’un. Quand vous apercevez ce phénomène, alors il faut invoquer Allah et le prier jusqu’à ce que cette dernière soit terminée. ” Hadith rapporté par al-Bukhari, Fath, 1061. Abu Waqid al-Laythi rapporta que le Messager d’Allah s’en alla à Hunayn et passa à côté d’un arbre qui appartenait aux muchriquin dont le nom était Dhat Anwat, sur lequel ils avaient pour habitude d’accrocher leurs armes. Ils dirent : ‘O Messager d’Allah, fais-nous un Dhat Anwat comme celui qu’ils ont.’ Le Prophète répondit : ‘Chuban Allah ! C’est ce que le peuple de Moussa demanda, fais-nous un dieu comme ceux qu’ils ont.’ Au Nom de Celui qui Détient entre Ses Mains mon âme, vous adopterez les mêmes attitudes ceux qui étaient avant vous. ” Rapporté par al-Tirmidhi, no.2180. Il nous dit que c’est un hadith hasan sahih. D’après un autre commentaire rapporté par Abu Waqid, ils sortirent de la Mecque en compagnie du Messager d’Allah pour aller à Hunayn. Il dit : “ Les mécréants avait un arbre de lotus à qui ils étaient dévoués et sur lequel ils avaient l’habitude d’accrocher leurs armes. Son nom était le Dhat Anwat. Nous passâmes au côté d’un grand lotus vert et nous dîmes : ‘O Messager d’Allah, fais que ce Dhat Anwat soit le nôtre.’ Le Messager d’Allah s’exclama : ‘Au nom de Celui qui Détient entre Ses Mains mon âme, vous avez dit exactement la même chose que le peuple de Moussa lui dit, à savoir : ‘Fais-nous un dieu tout comme ils ont des dieux.’ Et Il ajouta : ‘Vous êtes réellement un peuple qui ne sait pas.’ Il s’agit vraiment d’une situation identique et vous aurez les mêmes attitudes que vos prédécesseurs. ” Rapporté par Ahmad, al-Sunan, 5/218. Zayd ibn Khalid al-Juhani nous dit : “ Le Messager d’Allah nous emmena à l’aube (Fajr) à al-Hudaybah juste après une nuit de pluie. Au bout du parcours, il se tourna vers ses compagnons et leur dit : ‘Savez-vous ce que Votre Seigneur vous a dit ?’ Ils répondirent : ‘Allah et Son Messager sont ceux qui savent le mieux.’ Il dit : ‘Ce matin , il y a un croyant et un mécréant. Le premier dit qu’il pleut par la grâce et la bénédiction d’Allah. C’est donc un croyant. Alors que le dernier dit qu’il pleut par le fait de telle étoile. Il s’agit donc d’un mécréant et d’un adepte des étoiles. ” Rapporté par al-Bukhari, Fath, no.846. Ibn ‘Abbas rapporta qu’un homme dit : “ O Messager d’Allah, quelle que soit ta volonté et Celle d’Allah,’ Il le coupa : ‘Me rendrais-tu l’égal d’Allah ?Il n’y a qu’Allah qui Décide. ” Rapporté par Ahmad, al-Musnad, 1/283. Ibn ‘Umar rapporta qu’il surprit Omar Ibn Khuttab avec un groupe de gens être en train de jurer au nom de son père. Le Messager d’Allah les appela et leur dit qu’Allah avait interdit de jurer au nom de leurs grand-parents. Celui qui veut faire serment de quelque chose qu’il le fasse au nom d’Allah et dans le cas contraire qu’il se taise. ” Rapporté par al-Bukhari, Fath , 618. Note : L’Imam Ahmad rapporta dans al-Musnad que Waki’ nous dit qu’al-A’mach raconta d’après Sa’d ibn ‘Ubaydah : « J’étais avec un groupe de gens et j’entendis un homme au sein d’un autre groupe dire : ‘Non, au nom de mon père.’ Alors ‘Omar lui lança des cailloux et lui dit : ‘C’est comme cela que ‘Omar avait l’habitude de jurer et que le Prophète lui interdit de le faire en lui expliquant qu’il s’agissait d’une association (chirk ). ” Al-Fath al-Rabbani, 14/164. Abu Churayh hani’ ibn Yazid nous dit : “ Un groupe de gens se rendit vers Le Prophète et celui-ci entendit appeler le nom d’Ibn Hajer (en d’autres termes ‘serviteur de la pierre’) alors il lui demanda :’Quel est ton nom ?’ Il lui répondit :’Ibn Hajar.’ Le Messager d’Allah lui dit : ‘Non maintenant tu t’appelles ‘Abd-Allah (serviteur d’Allah)’ ” Rapporté par al-Bukhari, dans l-Adab al-Mufrad, no.813. Al-Albani nous dit dans Sahih al-Adab qu’il s’agit d’un sahih, no.623. Il faut prendre en compte le statut de la personne qui s’efforce de corriger les erreurs : Il y a des conseils qu’on accepte plus facilement selon qu’ils proviennent d’un type de personne, à savoir en fonction de leur statut. Par exemple, on écoutera plus une personne qui est censée déjà avoir de l’autorité sur nous (un père et son fils, un enseignant et son élève, un gouvernement en place et ses citoyens). Quelqu’un qui est plus âgé aura plus d’impact que celui qui est jeune. Il en est de même pour celui qui a plus d‘autorité ou encore qui fait partie de son entourage par rapport à un étranger. Il faut bien comprendre ces nuances quand on a l’intention de corriger des erreurs convenablement pour ne pas justement causer des torts à la personne qu’on corrige. C’est en fonction de la relation avec celui qu’on corrige qu’on adaptera la teneur de notre reproche et que l’on déterminera s’il sera plus ou moins sévère. On apprend deux choses en fonction de cette remarque : D’une part, si Allah a donné une certaine autorité à quelqu’un, il doit utiliser cette responsabilité à bon escient et donc il doit encourager à faire le bien, interdire le mal et éduquer ceux qui l’entourent. Il doit prendre conscience qu’il a une grande responsabilité car les gens accepteront davantage les conseils s’ils proviennent de lui. Ainsi il doit en faire plus que les autres. D’autre part, la personne qui encourage le bien et interdit le mal ne doit pas non plus mal évaluer la situation et penser qu’il a un statut encore plus haut qu’il ne l’est en réalité. Il croirait en effet qu’il a des qualités qu’il ne possède pas vraiment. Or cette attitude ne ferait que repousser les gens. Le Prophète a tiré profit de la position respectueuse qu’Allah lui a accordé quand il faisait des reproches et qu’il donnait des conseils aux gens. Il était inconcevable que d’autres personnes soient autorisées à avoir la même attitude que le Prophète . Par exemple : Ya’ich ibn Tihfah al-Ghifari rapporta que son père dit : “ J’étais l’hôte du Messager d’Allah , un des plus pauvres par ailleurs. Le Messager d’Allah vint voir la nuit si tout se passait bien pour tous ses invités et il me vit allongé sur le ventre. Il me donna un coup de pied et me dit :’Ne te couche pas de la sorte, c’est le type de position qu’Allah abhorre’ ” D’après un autre commentaire : “ Il lui donna un coup et le réveilla pour lui dire : ‘C’est le type de position que les gens de l’Enfer ont’ ” Hadith rapporté par Al-Ahmad, al-Fath-Rabbani, 14/244-225. Rapporté également par al-Tirmidhi, no. 2798, éd. Chakir et par Abu Dawoud dans Kitab al-Adab dans ses Sunan ; no. 5040, éd. al-Da’nas Ce hadith est aussi dans Sahih al-Jami’,2270-2271. Cette méthode était acceptable parce qu’elle était celle du Prophète et non pas celles de gens ordinaires. Il n’est pas possible par exemple que quelqu’un vienne vous donner un coup de pied alors que vous dormez sur le ventre et vous demande de vous lever. Dans ce cas-là il est difficile de croire que vous accepterez les conseils avec aisance. Il en est de même quand au lieu de donner des coups de pied on jette des cailloux ou encore que l’on frappe la personne qui commet une erreur. Même si certains salaf adoptent cette attitude, cela va s’en dire que c’est à cause de leur statut. Voici d’autres histoires concernant ce domaine : Al-Daraami rapporta de Sulayman ibn Yasser qu’un homme dont le nom était Sabigh se rendit à Médine et se mit à poser des questions à propos du Coran dont il trouvait certains points ambigus. “ ‘Omar avait fait envoyer et préparer des branches d’un dattier (pour le frapper avec). Il [‘Omar] lui demanda : Qui es-tu ? L’esclave d’Allah, Sabigh, lui répondit-il ? ‘Omar saisit une des branches de dattier et le frappa avec, en répétant : Je suis l’esclave d’Allah, ‘Omar. Il continua à le frapper jusqu’à ce que sa tête se mit à saigner et Sabigh s’exclama : Ca suffit, Amir al-Muminin ! Les mauvaises idées que j’avais dans la tête se sont évaporées !’ ” Sunana al-Darimi, éd. par ‘Abdallah Hachim Yamani, 1/51, no.146. Al-Bukhari rapporta qu’Ibn Abi Layla dit : “ Hudhayfah était au Mada’in. Il demanda à boire. Un vieil homme lui tendit de l’eau dans un verre en argent. Il le jeta sur lui. Et il dit : ‘Je ne voulais pas la jeter sur lui mais je lui déjà dit plusieurs fois de ne pas le faire. Le Prophète nous interdit de mettre de la soie et du broché mais aussi de nous nourrir de récipients en argent ou en or. Il dit : ‘Ceux-ci sont pour eux ici-bas et pour vous dans l’au-delà.’ ” Al-Fath, no. 5632. D’après un rapport d’Ahmad, il y est décrit le même incident : ‘Abdla-Rahman ibn Abi Layla nous dit : “ Je sortis avec Hudayfah dans l’un de ces quartiers, et il demanda à boire. Un vieil homme lui apporta à boire dans un récipient en argent et il [Hudayfah] le lui jeta à la tête. Nous lui dîmes : ‘Calme-toi, voyons ! Il ne doit pas savoir pourquoi il a fait cela.’ Une fois calmé, il nous expliqua la raison pour laquelle il jeta le récipient à la tête du vieil homme. En fait ce dernier savait pourquoi il ne fallait pas le servir dans une récipient pareil. Il dit : “ Le Prophète nous a dit : ‘Ne mangez ni ne buvez dans des récipients en or ou en argent.’ Et Mu’dah ajouta : ‘Mais aussi, ne portez pas de vêtements en soie ou en broché car ce sont des choses qui sont pour ceux ici-bas mais pour nous dans l’au-delà.’ ” Al-Musnad, 5/396. Al-Bukhari raconta que Sirin demanda à Anas de lui rédiger un contrat de manumission comme il avait pas mal d’argent, mais Anas refusa. Sirin alla alors voir ‘Omar qui demanda à Anas de rédiger le document et Anas persista dans son refus. C’est donc que ‘Omar décida de le frapper avec un fouet et lui fit réciter les mots suivants : « Faîtes-leur [les esclaves qui veulent l’émancipation] de tels documents [des documents de manumission], si vous savez qu’ils sont bons et dignes de confiance.... » Sourate al-Nour 24 :33. Anas finit par rédiger le document pour lui. Al-Fath, 5/396. Al-Nisa’i rapporta d’Abu Sa’id al-Khudri qu’il priait quand un fils de Marwan vint en face de lui. Alors il le prévint et le corrigea mais celui-ci n’en tint pas compte. Alors il le frappa. Le garçon partit en pleurant et alla voir Marwan pour lui dire ce qui se passa. Marwan vint voir à son tour Abu Sa’id et lui demanda la raison pour laquelle il avait frappé le fils de son propre frère. Abu Sa’id répondit : “ Je ne l’ai pas frappé, j’ai frappé Satan. J’ai en effet entendu le Messager d’Allah dire que : ‘Si quelqu’un d’entre vous prie et que quelqu’un passe devant lui, qu’il s’arrête jusqu’à ce que l’autre passe mais si ce dernier ne s’en va pas, alors il faut le frapper car c’est un démon.’ ” Al-Mujtaba min Sunan al-Nisa’i, 8/61 ; Sahih Sunan al-Nisa’i, no. 4518. Ahmad rapporta d’après Abu ‘l-Nadr qu’Abu Sa’id al-Khudri avait mal à une jambe. Son frère rentra et le vit allongé avec les jambes croisés. Par conséquent il le frappa sur sa jambe douloureuse et lui fit encore plus mal. Il lui dit : “ Tu m’as fait mal à la jambe. Ne sais-tu pas qu’elle me fait mal ? ” Evidemment que je le sais. ” Alors qu’est-ce qui t’as pris ? N’as-tu jamais entendu le Prophète nous interdire de nous asseoir dans cette position ? ” Al-Musnad , 3/42. Malik rapporta, d’après Abu’l Zubayr qu’un homme demanda la main de la soeur d’un autre homme. Or son frère lui dit que sa soeur avait commis la zina. Ces rumeurs arrivèrent aux oreilles de ‘Omar Ibn Khattab. Celui-ci faillit le frapper et lui dit : “ Pourquoi lui as-tu dit cela ? ” Muatta’Malik, no . 1553, commentaire d’Abu Mus’ab al-Zuhri, éd. par Bachmar Ma’rouf et Mahmoud Khalil. Mu’sasat al-Muslim rapporta dans ses sahih que Abu Ichaq nous dit : “ J’étais avec Abu Yazid dans la Grande Mosquée et Al-Cha’bi était en notre compagnie aussi. Ce dernier nous raconta que Fatimah, la fille de Qays, dit que le Messager d’Allah ne lui donna ni de logement ni de revenu. Al-Aswad prit une poignée de cailloux et lui lança dessus en disant : “ Honte à toi ! Toi qui parle de la sorte ? ” ‘Omar nous a dit qu’il ne fallait pas que l’on quitte le Livre d’Allah et la sunnah du Prophète pour les paroles d’une femme dont nous ne connaissons pas la fiabilité des propos. On sait que les femmes ont le droit à un logis et un revenu puisqu’Allah nous dit : “ Et ne les jetez pas de vos foyers, et elles ne doivent pas quitter leurs habitats non plus par elles-mêmes sauf dans le cas où elles sont coupables d’avoir eu des rapports intimes illégitimes ” Sourate al-talaq, 65 :1. Sahih Muslim, no. 1480. Abu Dawoud rapporta avec un isnad qui dit que deux hommes sont maqboul que deux hommes entrèrent des portes de la Kindah quand Abu Mas’oud al-Ansari était assis dans un cercle. Les deux hommes demandèrent s’il y avait un homme qui pouvait les juger. Un homme du cercle répondit par l’affirmative, ce à quoi Abu Mas’oud réagit en lui lançant une poignée de cailloux : “ Tais-toi ! Donner un jugement hâtif n’est pas permis ! ” Rapporté par Abu Dawoud, Kitab al-Aqdiyah, bab fi talab al-Qada’ wa tasarru’ilayhi. Nous devons aussi prendre en considération le fait que le Prophète faisait des reproches à ses Compagnons qui étaient bien plus sévères que ceux qu’ils faisaient aux bédouins, comme par exemple à un étranger. Il est évident que cette attitude était une affaire de sagesse et de bonne analyse de la situation quant à la manière de faire et la teneur des reproches. Faire une distinction entre celui qui commet une erreur par ignorance et celui qui la commet alors qu’il le sait : Une des histoires qui pourraient illustrer ce fait est celle qui arriva à Mu’awihah ibn Al-Hakam al-Salami quand il vint à Médine depuis le désert et qu’il ne savait pas ce qu’il fallait dire durant la salat.. Il nous dit : “ Alors que j’étais en train de prier derrière le Messager d’Allah , quelqu’un éternua. Je lui répondis : ‘Yarhamuk Allah’. Du coup, on me dévisagea. Alors je dis : ‘Que ma mère me perde ! Pourquoi me regardez-vous ainsi ? Ils se mirent à se frapper les cuisses avec leur mains et m’indiquèrent que je devrais me calmer. Je m’arrêtai de parler (i.e. je faillis leur répondre mais je me contrôlais et je repris mon calme). Quand le Messager d’Allah finit de prier, il me dit sans me faire de reproche ni me frapper que durant le moment de prier, on ne devait exclusivement faire que des tasbih, takbir et de récitation du Coran. C’est à ce moment-là que je compris qu’il n’y avait pas d’homme meilleur que lui pour ce qui est l’enseignement des valeurs. Sahih Muslim, éd. Abd al-Baqui. No. 537. On doit apprendre à la personne qui ne sait pas. On doit donner des explications à celui qui a des doutes au sujet de quelque chose. On doit rappeler les choses aux personnes qui sont négligents. Mais on doit avertir la personne qui s’entête à faire des erreurs. Il n’est pas bon de réagir de la même manière quand quelqu’un sait ou quand quelqu’un ne sait pas. Dans les deux cas on ne peut pas faire le même type de reproche. Traiter quelqu’un de manière trop sévère alors qu’il n’était pas conscient de l’ampleur de ses erreurs irait à l’encontre de notre but dans la mesure où la personne en question aura tendance à repousser nos conseils. Il vaudrait peut-être mieux faire preuve de sagesse et de douceur. La personne à qui on ferait des reproches dirait : ‘Pourquoi ne m’as-tu pas prévenu avant de t‘attaquer à moi ?’ La personne qui fait une erreur et qui n’est pas consciente de son ampleur pense qu’en fait elle n’a rien fait de mal. Par conséquent, on doit agir avec tact. Imam Ahmad rapporta dans al-Musnad d’après al-Mughirah ibn Chu’bah : “ Le Messager d’Allah mangea un peu et se leva pour prier. Il avait déjà fait le woudou’ avant cela. Mais je lui avais apporté de l’eau pour justement faire le woudou’. Il me repoussa et me dit :’Va-t-en !’. Je m’étais vexé. Pendant qu’il priait, je suis allé me plaindre auprès de ‘Omar. Ce dernier alla le voir le Messager d’Allah et lui dit : “ O Prophète d’Allah, al-Mughirah est vexé du fait que tu l’ais repoussé et se fais du souci quant à savoir si tu ne lui en voulais pas de quelque chose. ” Le Prophète répondit : “ Je ne lui en veux pas du tout mais il m’a apporté de l’eau pour accomplir le woudou’ après avoir mangé. Or si je l’avais accompli à ce moment-là, les gens autour de moi auraient penser qu’il fallait le faire (En d’autres termes, on penserait qu’il était obligatoire de faire le woudou’ à chaque fois qu’on mange.)’ ” Al-Musnad, 4/253. Il faut noter à ce sujet que quand le Prophète faisait des remarques à ses Compagnons, il avait un impact positif et non négatif sur eux. Ils étaient anxieux et soucieux de plaire dans leur comportement au Prophète . C’est pourquoi ils observaient constamment le comportement du Prophète . Nous devons noter aussi que quand le Prophète suggéra à al-Mughirah son erreur, il n’était pas en colère contre lui, mais il le fit par compassion pour son peuple et pour expliquer les choses clairement afin de ne pas faire faire quelque chose d’éprouvant et ne pas imposer quelque chose de wajib aux personnes qui l’observaient. Faire un effort pour distinguer des erreurs que l’on fait malgré des efforts sincères pour trouver la bonne voie (ijtihad) et des erreurs que l’on commet par négligence ou volontairement ou encore par insuffisance : Il faut bien comprendre le fait que dans le premier cas, la personne n’est pas à blâmer. En effet elle gagnera une récompense auprès d’Allah car son intention était sincère. Elle aura essayé de trouver la bonne conclusion. D’ailleurs le Prophète (PBSL) nous dit : “ Quand un dirigeant fait l’effort de prendre la bonne décision et qu’en plus il prend la bonne décision, il aura deux récompenses alors que quand ce dernier s’efforce de prendre une décision mais qui n’est pas bonne, il n’aura qu’un seule récompense. ” Rapporté par al-Tirmidhi, 1326, éd. Chakir Abu ‘Esa al-Tirmidhi nous dit qu’il s’agit d’un hadith gharib sahih dans ce contexte-là. Mais quand il s’agit de quelqu’un qui agit mal volontairement ou qu’il a des insuffisances alors on doit réagir différemment. On doit l’avertir et lui faire des reproches. L’ijtihad doit être dispensé par celui qui est qualifié pour faire cela non pas celui qui fait des fatwas sans avoir une bonne connaissance et sans prendre en compte les circonstances. Abu Dawoud raconta dans ses Sunan que Jabir dit : “ Il partit en voyage et une des personnes qui était avec nous fut frappée à la tête. Il saignait. Lorsqu’il se réveilla et devait faire le ghusl (il était en état d’impureté ou de janabbah ), il demanda à ses compagnons : ‘Pensez-vous que je n’ai pas besoin de faire le tayammum ?’ Ils répondirent qu’il n’avait aucune excuse valable de ne pas le faire car il avait à sa disponibilité de l’eau.’ Alors il fit le ghusl et mourut. Quand le Prophète arriva , on lui raconta ce qui s’était passé. Alors il répondit : ‘Vous l’avez tué, que ‘Allah vous tue aussi ! Pourquoi ne pas demander quand on ne sait pas ? Le remède à l’ignorance est de demander’ ” Sunan Abi Dawoud, Kitab al-Tabarah, Bab al-Majrouh yatayamum Al-Albani classa ce hadith comme hasan dans Sahih Abi Dawoud, 325 Il est dit que le matériel supplémentaire ajouté à la fin du hadith est da’if . Le Prophète nous a dit qu’il y avait trois types de juges : L’un ira au Paradis et les deux autres iront en Enfer. Celui qui ira au Paradis est celui qui jugera en fonction des circonstances et qui connaît la vérité. Quelqu’un qui connaît la vérité et qui ne juge pas bien ira en Enfer ?. Quelqu’un qui juge entre deux personnes sans avoir de connaissances suffisantes ira en Enfer. Sunan Abi Dawoud, no. 3573. Hadith classé comme sahih par al-Albani dans al-Irwa’, 2164. Le troisième type n‘est pas considéré comme ayant une excuse. Un autre facteur pour évaluer le degré de reproches est d’avoir de l’attention à l’environnement dans laquelle l’erreur se produit. Il faudrait savoir si dans le contexte il y a un grand respect de la sunnah et de la bidah ou encore si les gens sont plus indulgents, s’ils sont ignorants. Une bonne intention de la part de celui qui commet l’erreur ne doit pas signifier non plus qu’il n’a pas droit à des reproches : ‘Amr ibn Yahya nous dit : “ J’entendis dire mon père raconter, d’après les dires de son père : ‘ Nous sommes à la porte de ‘Abd Allah ibn Mas’oud avant la prière du matin très tôt. Quand nous sommes sortis nous sommes allés avec lui dans la mosquée. Abu Mousa al-‘Achari vint vers nous et nous dit : “ Est-ce que ‘Abu al-Rahman est déjà venu vers lui hier ? Non, nous répondîmes. Il s’assit avec nous jusqu’à ce qu’il [Abu ‘Abd al-Rahman] sortit. Quand nous sortîmes, nous nous levâmes pour l’accueillir, et ‘Abu Mousa lui dit : “ O Abu ‘Abd al-Rahman, j’ai vu auparavant quelque chose dans la mosquée que je n’avais jamais vu avant mais que c’était bien, al-hamdu-lillah. » Qu’est-ce que c’était ?, lui demanda-t-il. Si tu vis tu le verras. Je vis dans la mosquée des gens assis en cercle qui attendaient l’heure de la prière. Dans chacun des cercles, il y avait un homme et des gens avaient des cailloux aux mains. Il disait : ‘Dîtes allahu Akbar cent fois.’ Et ils répétèrent : ‘Allahu Akbar cent fois. Puis il leur demanda de répéter La Illaha ilallah cent fois. Alors ils dirent cent fois ‘La ilaha ilallah.’ Ensuite il leur demanda de répéter sabhan Allah cent fois. Ils le firent, ils répétèrent sabhan Allah cent fois. Que leur as-tu dit ? me demanda-t-il. Je ne leur ai rien dit, j’attendais ce que ta réaction allait être et ce que tu me dirais à ce sujet. Pourquoi ne leur as-tu pas demandé d’énumérer leurs mauvaises actions et ceci pourra leur garantir qu’ils n’useront pas de leurs bonnes actions ? Par la suite, il partit et nous nous sommes rendus au lieu en question avec lui. Quand il parvint à l’un de ces cercles, il se tint debout en face d’eux et leur demanda : Qu’est-ce que vous faîtes ? O Abu ‘Abd al-Rahman ce sont des cailloux que nous utilisons pour compter nos takbir, nos tasbih, et nos tahlil, répondirent-ils Comptez vos mauvaises actions et je peux vous assurer que vous ne perdrez aucune de vos bonnes actions. malheur à toi ! O Ummah de Mohammed ! Tu t’es détruite avec une si grande rapidité ! Les Compagnons du Prophète sont encore en vie et il n’a ni les vêtements usés ni les vaisseaux brisés. Au nom de Celui qui Détient mon âme, vous avez soit choisi la voie de Mohammed soit celle de l’errance. Au nom d’Allah, O ‘Abu al-Rahman, nous avons seulement voulu faire le bien, dirent-ils. Combien parmi ceux qui voulaient faire le bien n’ont pas réussi ! Le Messager d’Allah nous a dit que les gens récitaient le Coran et malgré cela les paroles récitées n’allaient pas plus loin que leur gorge. Au nom d’Allah, je ne sais pas si un bon nombre d’entre vous sont peut-être comme vous ; ajouta-t-il. Alors il se détourna deux. ‘’Amr ibn Salamah s’exclama : Je vis la plupart des membres de ces cercles se battre au côté des Kharawijj le jour du Nahrawan. » Rapporté par al-Darimi, al-Sunan, no.210, éd. par ‘Abd Allah Hachim al-Yamani. Al-Albani classa son isnad comme sahih dans al-Silsilat al-Sahha sous le hadith no. 2005. Il faut voir aussi Majma’ ’al-Zawa’id d’Al-Hayami, 1/181. Etre droit dans sa manière de faire quand on corrige une erreur : Allah dit : « Et à chaque fois que vous dîtes quelque chose (i.e. juger entre deux personnes ou donner des preuves) alors il faut dire la vérité... » Sourate al-An’am 6 :152. « ... Et quand vous jugez entre les hommes, vous devriez juger de manière équitable... » Sourate al-Nisa’ 4 :58. Le fait que Ummar ibn Zayd était le bien-aimé du Prophète et le fils de son bien-aimé (Zayd) n’a pas empêché le Prophète de lui faire des reproches sévères prescrits par Allah quand il essaya d’intervenir en sa faveur quant à ses punitions (hudood). ‘Aicha rapporta que les Qoraichs se préoccupaient d’une femme qui avait volé à l’époque du Prophète , au temps de la conquête de La Mecque. Ils demandèrent qui voulait aller questionner le Prophète à ce sujet. Usamah ibn Zayd décida de lui en parler. Le visage du Messager d’Allah changea de couleur et il dit : « Es-tu en train de te mêler d’une des punitions prescrites par Allah ? » Usamah répondit : « Implore le Pardon pour moi dans tes prières, O Messager d’Allah. » Quand la nuit tomba, le Messager d’Allah se leva et s’adressa au peuple. Il fit d’abord des louanges à Allah car Il Mérite d’être Louer et il dit enfin : « Le peuple qui vous a précédé a été détruit car si l’un de ses nobles avait volé , ils l’auraient laissé partir. Mais si quelqu’un de faible avait commis cet acte, ils auraient mener à terme la punition. Au nom de Celui qui Détient mon âme, s’il s’avère que Fatimah, la fille de Mohammed avait volé, je lui aurait coupée la main » C’ est alors qu’il ordonna qu’on coupe la main de la femme qui avait volé. Hadith rapporté par al-Bukhari et Muslim. cette version a été racontée par Muslim, no. 1688. Selon un rapport raconté par al-Nisa’i d’après Aicha il est dit que : « Une femme emprunta des bijoux, disant qu’elle voulait les prêter à quelqu’un. Mais elle les vendit et garda l’argent. On l’amena au Messager d’Allah . Sa famille alla voir Usamah ibn Zayd qui parla au Messager d’Allah à son sujet. Le Visage du prophète changea de couleur quand Usamah parlait. Alors il lui dit : Es-tu en train d’intervenir quant aux punitions prescrites par Allah. ? » « Prie pour moi et mon pardon, O messager d’Allah. » Quand la nuit tomba, le Messager d’Allah se relave et loue Allah car Il Mérite d’être loué et il dit : « Les gens qui vous ont précédé ont été détruit car si l’un de leurs nobles avaient volé ils l’auraient laissé partir. mais si quelqu’un de faible en avait fait autant, ils auraient mené à bout la punition. Au Nom de Celui qui Détient mon âme, si Fatimah, la fille de Mohammed serait amenée à voler, je lui couperais la main. » Alors il ordonna à ce qu’on coupe la main de la femme. Sunan al-Nisa’i, al-Mujtaba, éd Dar al-Fikr, 8/73 Hadith classé comme sahih par al-Albani dans Sahih al-Nisa’i, no. 4548. L’attitude du Prophète nous montre qu’il était équitable et juste et que l’Islam vient pour propager l’amour au sein des gens. Une personne peut se faire aux défauts de certaines personnes mais il n’a pas le droit de tolérer ou devoir un parti pris quant aux erreurs qui transgressent les limites de l’Islam. Quelque fois quand un membre de l’entourage ou qu’un ami commet une erreur , on ne lui fait pas de reproche comme s’il s’agissait de quelqu’un qu’on ne connaît pas. Il s’agit dune manière de faire qui n’est pas en accord avec l’Islam car on use d’un parti pris. D’ailleurs, on fait preuve de discrimination quand on ferme les eux sur les erreurs commis par un ami alors qu’on critique sévèrement quelqu’un qu’on ne connaît pas. Un poète arabe dit à ce sujet : « Si vous êtes contents d’une personne, on ne voit pas ses erreurs alors que si on est en colère contre elle on les voit toutes. » Face à quelqu’un qu’on aime, on réagit d’une manière différente que face à quelqu’un d’autre. Faire attention à ce que la correction d’une erreur ne mène pas à une autre encore plus grave : C’est un fait bien accepté que l’Islam autorise au moins deux maux pour rejeter un grand mal. Un da’iwah doit se tenir de tout dire d’une erreur qui entraînerait une erreur bien plu grave. Le Prophète se garda de dire quoi que ce soit en ce qui concerne les munafiquin et ne les a pas exécutés bien que leur kufr soit un fait bien reconnu. Il supporta leurs insultes avec patience même si les gens disaient : ‘Mohammed tue ses Compagnons.’ Le Prophète n’a pas détruit la Ka’ba dans le but de reconstruire ses fondations effectuées par Ibrahim, par égard envers les Quraichs pour qui l’Islam était encore nouveau et qui n’avait pas fait un grand chemin depuis la jahilliah. Il craignait que cela ne soit trop pour eux. Alors il quitta les lieux et y laissa une partie manquante. La porte était placée bien haut et était fermée aux gens. Pourtant cette situation contenait un élément du zulm (malfaisance ou oppression) Avant ceci, Allah demanda aux musulmans de ne pas insulter les dieux des muchrikin même si c’est une forme d’adoration car ceci pousserait d’autres gens à en faire autant, à savoir insulter Allah, ce qui est le pis des maux. Un daiwah devrait se taire à propos d’une action mauvaise ou retarder les reproches qu’il doit faire ou encore changer son approche, s’il pense qu’en agissant de la sorte il évitera un grand mal ou une énorme erreur. Cette attitude ne peut pas être considérée comme de la négligence ou comme une insuffisance car son intention est sincère et qu’il agit ainsi par crainte d’Allah. Il réagit ainsi pour les intérêts de l’Islam et non pas par lâcheté. Il faut noter que causer un grand mal en faisant justement des reproches tient des caractéristiques du zèle. - Comprendre la nature humaine avant de corriger l’erreur elle-même : Il y a des fautes qui ne peuvent pas être supprimées car elles ont quelque chose à avoir avec la manière dont Allah crée les gens. Il est possible de les réduire un peu et les traiter avec une attitude extrême peut mener à un désastre. Tel est le cas de femmes. Le Prophète dit : « La femme a été créée à partir d’une côte et elle ne réagira pas correctement envers vous. Si vous appréciez sa compagnie, il faut également faire avec sa fourberie. Si vous essayez de la rendre droite, alors vous la casserez et là est le divorce et sa fracture. » Hadith rapporté par Muslim d’Abu Hurayrah, no. 1468. D’après un autre commentaire, il est dit que : « Soyez doux envers vos femmes, car elles ont été créées à partir d’une côte et la partie la plus tordue de sa côte est le haut. Si vous essayez de la rendre droite vous risquerez de la briser. par contre si vous la laisser comme elle est, elle restera tordue . Alors soyez doux envers vos femmes. » Hadith rapporté par al-Bukhari d’après Abu Hurayrah, al-Fath, no. 5186. Ibn Hajar nous dit : « Les termes ’traiter les femmes avec gentillesse’ démontre qu’on peut rendre les femmes droites avec douceur. En effet si vous adoptez des attitudes extrêmes en essayant de la rendre droite, vous allez la briser et si vous la laisser comme elle est elle restera tordue. Ce que nous apprenons de ces commentaires est que nous ne devrions pas la laisser tordue si elle l’est plus que la norme, si elle a commis des pêchés ou qu‘elle a négligé ses devoirs. En d’autres termes, nous la laissons tordue seulement dans certains cas. Ce que nous apprenons des hadith, c’est que nous pouvons gagner l’amour et la confiance des gens en adoptant une attitude douce. On en retient aussi qu’on doit adopter une certaine fluidité dans notre comportement dans nos relations avec nos femmes mais aussi de supporter avec patience leur fourberie. Quiconque essaiera de les rendre droites ne fera bénéficier personne de son acte. Or un homme ne peut se passer du plaisir de vivre avec une femme ni de faire d’elle son support pour le restant de sa vie alors comme il a été dit : ’Vous ne pouvez pas apprécier leur compagnie à moins de les supporter avec leurs défauts qui leur sont inhérents.’ » Fath, 9/954. Faire une différence entre les erreurs qui transgressent les limites de l’Islam et celles qui affectent des gens autour seulement : Puisque l’Islam est bien plus chère à nos yeux que notre propre être nous devons le défendre et nous devons nous mettre en colère pour le protéger plus que s’il s’agissait de nous-mêmes. Quelqu’un qui n’a pas de sentiment pour sa religion est celui qui s’énervera non quand on l’insultera mais quand on insultera sa religion. Ce qu’il pourrait faire au mieux, c’est de défendre de manière hésitante sa vocation et ainsi de démontrer une attitude embarrassée. Le Prophète avait souvent l’habitude de pardonner quand il était question d’erreurs faites à l’issu de conversations avec lui, et en particulier avec les bédouins au coeur dur pour apaiser leur cœur. Al-Bukhari rapporta dans ses Sahih qu’Anas ibn Malik raconta : « Je marchais avec le Messager d’Allah et il portait un manteau de Najrani avec un col rigide. Un bédouin vint le voir en le saisissant par le col du manteau, ce qui laissa une marque sur le cou du Prophète. Ce bédouin lui dit :’O Mohammed, donne moi un peu de ta richesse !’ Le Messager d’Allah se tourna vers lui et lui sourit, et il ordonna quelque chose. » Al-Fath, 5809. Mais si l’erreur avait eu quelque chose à avoir avec un domaine de la religion alors le Prophète se mettrait en colère au nom d’Allah. On donnera de exemples de ce fait ci-dessous. On doit prendre en considération certains éléments quand on traite des erreurs des gens ; comme : Faire une distinction entre les grosses erreurs et les bénignes comme l’Islam oppose les pêchés capitaux aux pêchés mineurs : Faire une différence entre une personne qui agit pour la plupart du temps d’une bonne manière ; d’où son erreur sera plus facilement pardonnable que celui ou celle qui agit souvent mal : Il est clair qu’il faudra plus s’occuper de celui qui a commis de mauvais actes et prendre des mesures urgentes et laisser pour plus tard celle ou celui qui a l’habitude de prendre la bonne voie. Ceci arriva à al-Sidiq (Abu Bakr) comme le dit l’anecdote suivante : Asma, la fille d’Abu Bakr dit : “ Nous allâmes avec le Messager d’Allah comme pèlerins, et quand nous arrivâmes à al-‘Arj, le Messager d’Allah s’arrêta pour se reposer. ‘Aicha s’assit au côté du Messager d’Allah et je me suis assise à côté de mon père. L’animal sur lequel voyageait le Messager d’Allah et Abu Bakr était surveillé par un esclave d’Abu Bakr qui s’assit pour attendre que ce dernier les rattrapât. Or l’esclave arriva mais pas le chameau. Abu Bakr demanda à son esclave où était le chameau. L’esclave lui répondit qu’il l’avait perdu la veille. Alors Abu Bakr le frappa : Un seul chameau et tu l’as perdu ? Le Messager d’Allah ne fit ni plus ni moins que lui dire en souriant : Regarde ce que ce muhrim (personne qui est dans un état impur en temps de hajj) est en train de faire. Rapporté par Abu Dawoud dans ses Sunan, Kitab al-Manasik, bab al-Muhrim yu’adib ghulamuhu. Hadith classé comme hasan par al-Albani dans Sahih Sunan Abi Dawoud, no.1602. Faire une distinction entre celui qui commet l’erreur à plusieurs reprises et celui qui la commet pour la première fois Faire une distinction entre celui qui fait l’erreur fréquemment et celui qui en commet rarement Faire une distinction entre celui qui omet ouvertement ses erreurs et celui qui les cache Faire attention au fait qu’une personne ne soit pas encore intime avec l’Islam et par conséquent il faut essayer d’être moins sévère avec lui Prendre en compte la situation d’autorité et le statut de quelqu’un Les affirmations que nous avons mentionnées ci-dessous ne contredisent en rien ce qui a été dit auparavant. Faire des reproches à un jeune enfant doit être fait en fonction de son âge : Al-Bukhari rapporta que al-Hasan ibn Ali prit une datte donnée en charité et la mit dans sa bouche. Le Prophète lui dit en perse : ‘Kikh , kikh, ne sais-tu pas qu’on ne peut pas manger la sadaqah (donnée en charité) ?’ Fath, 3072. Al-Tabarani rapporta de Zaynab bint Abi Salamah qu’elle entra chez le Messager d’Allah alors que ce dernier faisait le ghusl. Elle dit qu’il lui lança de l’eau à son visage et lui demanda de sortir : ‘Sors d’ici, idiote !’ Al-Mu’jam al-Jabir, 24/281. Al-Haythamih dit que son isnad est hasan dans al-Majma’’, 1/269. Donc il et clair qu’on ne peut pas se contenter de ne pas faire de reproches à un enfant sous prétexte qu’il est encore jeûne. En effet, en corrigeant ses erreurs on lui assure une bonne éducation. Ainsi en lui désignant les erreurs qu’il commet à son jeûne âge, cela lui permettra de les assimiler et d’en tenir compte pour son avenir. Le premier hadith montre comment un enfant peut craindre Allah et peut se restreindre et que le second hadith montre comment ils ont appris les bonnes manières, comment il a appris à demander la permission d’entrer et de se retenir de regarder le awrah (les parties qui doivent être couvertes) des autres. Voici un autre exemple brillant qui illustre la correction des erreurs d’un jeune garçon Umar ibn Abi Salamah, ‘Al-Bukhari rapporta qu’il dit : « J’étais un jeune garçon sous la garde du Messager d’Allah et j’avais l’habitude de mettre ma main un peu de partout dans l’assiette (aux heures de repas). Le Messager d’Allah me dit :’O Jeune garçon ! Dis Bismillah, mange avec la main droite et mange ce qu’il y a en face de toi.’ Cette remarque resta ma démarche pendant tout le reste de ma vie. Al-Fath, no. 5376. Il faut noter que quand le Prophète demanda au jeune garçon qui fit l’erreur de laisser sa main traîner dans l’assiette, il utilisa des mots concis, clairs, précis si bien qu’ils étaient accessibles à l’enfant afin qu’il s’en souvienne et qu’il les comprenne. D’ailleurs, l’effet de ce reproche dura l’espace de toute une vie. Il dit à ce sujet : « Ceci devient ma manière de faire pour le reste de ma vie. » Faire preuve de prudence quand on s’adresse à des femmes non mahram pour qu’elles ne prennent pas de travers le conseil et pour éviter la fitnah (la tentation, les problèmes). Un jeune homme ne doit pas trouver comme excuse le fait de corriger des erreurs pour aller parler aux femmes. Combien de fois ceci a mené à des catastrophes ! Quand il est question de corriger les erreurs des femmes, on accorde un grand rôle aux ahl al-Hisbah (‘la police religieuse’) et aux personnes âgées. Une personne qui s’efforce de faire le bien et d’empêcher le mal doit agir en mesurant l’ampleur et les conséquences de ses reproches. S’il pense que ce sera du grand bénéfice, il aura tout intérêt à l’évoquer clairement. Sinon, il ferait mieux de s’abstenir quand il sait que des femmes qui ne savent pas peuvent faire de fausses accusations contre lui en persistant encore plus dans leurs mauvaises manières de faire. L’état de la société dans une grande mesure ainsi que le statut de quelqu’un qui s’efforce de faire le bien et d’empêcher le mal jouent un rôle fondamental quant au succès de ses reproches, à l’enseignement du message et l’élaboration des preuves. L’histoire suivante illustre ceci : L’esclave émancipée d’Abu Raham qui s’appelait ’Ubayd rapporta qu’Abu Hurayrah rencontra une femme qui était parfumée et qui se dirigeait vers la mosquée. Il lui demanda : « O Esclave d’al-Jabar où vas-tu ? » Elle répondit : « A la mosquée. » Elle dit : « Et tu as mis du parfum pour aller à la mosquée ? » Elle répondit : « Oui. » Il dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah dire : ’ Si une femme se rend à la mosquée et se met du parfum, Allah n’acceptera pas ss prières tant qu’elle n’a pas fait le ghusl. » Hadith rapporté par Ibn Majah, no. 4002 ; mais aussi dans Sahih In Majah, 2/367. Selon Sahih Ibn Khuzaymah : Un femme passa à côté de Abu Hurayrah et elle s’était beaucoup parfumée. Il lui demanda où elle allait de la sorte. Elle lui répondit qu’elle allait à la mosquée. Il lui demanda si elle avait mis du parfum, question à laquelle elle répondit par l’affirmative. C’est alors qu’il finit par lui dire : « Rentre chez toi et fais le ghusl car j’ai entendu le Messager d’Allah dire qu’Allah n’accepte pas la prière d’un femme qui se rend à la mosquée avec une forte odeur de parfum jusqu’à ce qu’elle fasse le ghusl. » Hadith sahih Ibn Khuzaymah, no. 1682. Dans sa note de page, al-Albani dit qu’il s’agit d’un hadith hasan. Il faut également voir al-Musnad, 2/246. Ahmad Chakir le classa comme sahih avec ce isnad classé dans al-Musnad, no. 7350. Ne pas négliger la source même des erreurs en faveur d’une simple correction des symptômes de l’erreur. Ne pas exagérer quant à l’erreur elle-même Ne pas utiliser des positions extrêmes pour prouver que l’erreur s’est produite ou ne pas essayer d’admettre la culpabilité de celui qui la commet Donner assez de temps pour corriger l’erreur en particulier pour quelqu’un qui a pris l’habitude de la faire quotidiennement. Il faut persévérer dans une attitude qui consiste à une surveillance, à ne pas cesser de donner des conseils et à apporter des corrections à l’erreur commise. Ne pas donner l’impression à celui qui commet une erreur qu’il est votre ennemi car notre but dans la religion est de gagner l’amour des gens et non pas de marquer des points contre cette personne . Ensuite nous nous engagerons dans une discussion qui repose sur les méthodes du Prophète quand il traite des erreurs des gens comme il a été noté dans les sahih ahadith par les savants. |
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Re: Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens
II. Les méthodes du Prophète pour corriger les erreurs 1 . Corriger les erreurs rapidement et ne pas laisser traîner 2. Corriger les erreurs en expliquant le règlement (le hukme) 3. Renvoyer les gens à l’Islam quand ils font des erreurs et leur montre le principe qu’ils rompent 4. Corriger des représentations erronées dues à des éléments de pensée pas encore claires dans la tête des gens. 5. Corriger les erreurs en répétant constamment aux gens la crainte d’Allah 6 . Montrer de la compassion à l’égard de celui qui a fait une erreur 7 . Ne pas se précipiter sur celui qui a fait l’erreur. 8. Garder son calme quand on traite des erreurs des gens 9. Expliquer la gravité des erreurs en question 10 . Expliquer les effets néfastes de l’erreur 11. Enseigner à celui qui a fait l’erreur de manière pratique 12. Offrir une alternative cohérente 13. Guider les gens vers une voie qui leur permettra de les empêcher de faire des erreurs 14. Ne pas confronter directement les gens avec leurs erreurs, mentionner l’impact de l’erreur sera suffisant 15. Provoquer l’opinion publique contre celui qui a fait l’erreur. 16. Eviter d’aider Satan contre celui qui fait l’erreur 17. Demander à la personne en question de cesser de faire une mauvaise action. 18. Expliquer à la personne qui fait une mauvaise action comment elle pourrait arranger les choses Le Prophète le faisait de différentes manières : Attirer l’attention de l’individu sur son erreur de la manière à ce que ce soit lui-même qui répare son erreur. Par exemple, 19. Ne dénoncer que l’erreur mais accepter le reste 20. Restaurer les droits et préserver les statuts 21. S’adresser aux deux camps dans le cas où tous les deux ont commis quelque chose de reprochable 22. Demander à la personne de s’excuser auprès de celui qui lui a causé du tort. 23. Rappeler à la personne les qualités de celui qui lui a causé du tort pour que celui-ci regrette ce qu’il a fait et qu’il aille s’excuser. 24. Intervenir pour calmer les gens et mettre fin à la fitnah (discorde) entre les camps qui ont commis des erreurs. 25. Montrer sa colère à l’égard d’une erreur . 26. Se détourner de celui qui a commis une erreur pour éviter de se disputer avec lui en espérant qu’il regrette et qu’il puisse revenir au droit chemin. 27. Faire des reproches à celui qui a commis des erreurs. 28. Blâmer celui qui a commis des erreurs. 29. Eviter celui qui a commis une erreur 30. Faire du boycott envers celui qui a commis une erreur 31. Prier contre celui qui persiste à faire une erreur 32. Fermer les yeux sur quelques erreurs et se contenter d’y faire allusion par respect pour la personne qui commet l’erreur 33. Aider un musulman à corriger son erreur 34. Rencontrer la personne qui a commis une erreur pour en parler 35. Parler franchement de l’erreur qui a été commise 36. Convaincre quelqu’un qu’il a commis une erreur 37. Faire comprendre à quelqu’un que son excuse n’est pas assez solide pour pouvoir être valable 38. Faire attention à ce qui est inhérent à la nature humaine |
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Re: Les Manières du Prophète pour Corriger les Erreurs des Gens
CONCLUSION En fonction de cette exploration de la sunnah et des méthodes que le prophète utilisait pour corriger les erreurs des gens, nous devrions conclure par cela : Corriger les erreurs des gens est obligatoire et extrêmement important. Cela fait partie de la nasihah (donner des conseils sincères) et interdire ce qui n’est pas bien, mais il faut garder en tête que l’Islam n’est pas seulement l’interdiction de ce qui est mal. On nous a aussi ordonné de faire ce qui est bien. L’éducation et l’entraînement ne sont pas seulement des sujets où l’on doit seulement corriger des erreurs. Ils impliquent aussi l’enseignement et la démonstration des principes de base de la religion, des règles de la chari’a, le recours à diverses méthodes pour établir ces concepts fermement dans l’esprit et le coeur des gens, en les exhortant par exemple, en racontant des histoires, en discutant, etc. A partir de là, il est clair que certains parents et enseignants sont à court d’efforts car ils ne font qu’adresser des reproches erreurs sans prendre la peine d’enseigner les bases ou de corriger les erreurs avant qu’elles ne se fossilisent au sein de l’individu pour permettre sa protection d’abord ou au moins de réduire l’impact des erreurs. 3. Il est clair que d’après les incidents et les histoires mentionnées ci-dessous, le Prophète utilisa différentes approches en fonction des erreurs. Il tenait compte des personnalités et des circonstances. Quiconque comprend cela devrait comparer la situation dans laquelle il est avec celles du prophète pour ainsi trouver l’approche qui lui convient le mieux. Nous demandons à Allah, glorifié et exalté soit-il, de nous guider et de nous protéger, de faire de nous des faiseurs de bien et des suppresseurs du mal, et de guider les autres à travers eux, car il entend tout, il est toujours là et partout et répond à nos prières. Il est le meilleur des souteneurs et celui qui aide le mieux et il est le guide du droit chemin. Puisse Allah bénir le Prophète illettré, toute sa famille et ses Compagnons. Louange à Allah ; le Seigneur des seigneurs. |
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