Faut-il rechercher l’ADN du virus de l’hépatite B sur les dons du sang ?

by **tedles** Mon 24 Jan - 21:15

Le risque viral post transfusionnel a été très sensiblement réduit depuis 4 décennies. Pour le VIH et le virus de l’hépatite C (HCV), en plus des sérologies pratiquées depuis 1985 et 1990, on recherche systématiquement (depuis 1999 aux Etats-Unis et 2001 en France) l’ARN des deux virus dans le sang des donneurs ce qui permet de se prémunir contre une contamination lors de la phase pré sérologique. Il n’en est pas encore de même pour le virus de l’hépatite B (HBV) pour lequel le dépistage repose toujours sur le dosage de l’antigène HBs (depuis 1971 en France) et des anticorps anti-HBc (depuis 1988 en France).
Le dosage de l’ADN du HBV permettrait-il de diminuer encore le risque de transmission de l’hépatite B ?
Les acides nucléiques des 3 virus recherchés sur 3,7 millions de dons

Pour répondre à cette question une équipe internationale a soumis en 2008, en plus des sérologies habituelles, 3,7 millions de dons du sang pratiqués aux Etats-Unis à une recherche couplée des acides nucléiques des virus VIH, HCV et HBV, ces dosages quantitatifs étant réalisés soit sur des prélèvements individuels soit sur des minipools de 16 donneurs.
Pour ce qui est du VIH et de l’HCV les résultats confirment ce que l’on savait sur la « rentabilité » du dépistage des acides nucléiques. Quinze donneurs séronégatifs pour le HCV mais porteurs de l’ARN viral ont ainsi été identifiés soit un cas de contamination potentielle évité pour 246 000 dons. Deux donneurs se sont révélés en phase pré-sérologique pour le VIH soit un cas de contamination potentielle évité pour 1847 000 dons.
Des sujets vaccinés mais infectés

Pour le VHB les résultats sont un peu plus surprenants. Neuf donneurs séronégatifs se sont révélés porteurs de d’ADN du VHB (soit un taux de 1 pour 410 000 dons). Fait inattendu, si parmi ces 9 sujets, 3 non vaccinés contre l’hépatite B étaient en phase pré-sérologique classique, 6 avaient été vaccinés antérieurement.
Cinq de ces donneurs vaccinés ont pu être suivis. Dans 4 cas sur 5 on retrouvait également initialement des anticorps anti-HBs. Dans 4 observations sur 5 l’ADN viral est devenue indétectable en 6 à 24 semaines. L’évolution du profil sérologique complet de ces sujets (HBsAg, anti-HBS, anti-HBc et IgM anti-HBc) a permis de retrouver parfois des taux bas et stables d’anti-HBc, parfois une réaction anamnestique. Dans 4 de ces cas une élévation des IgM anti-HBc était en faveur d’une infection récente. Le génotype viral chez ces vaccinés virémiques était le plus souvent non-A tandis que le sous génotype A-2 était le plus fréquent chez les sujets non vaccinés.
Le coût de la recherche de l’ADN viral est-il acceptable ?

On peut donc estimer que, sans dosage des acides nucléiques du VHB, les risques de contamination transfusionnelle par ce virus sont très faibles, tout au moins dans des populations comparables à celle des Etats-Unis (deux fois moins élevés que ceux de contamination par le HCV).
Par ailleurs il semble la vaccination protège moins bien contre l’infection par des sous génotypes viraux non-A2 et que des virémies (avec des charges virales faibles) sont possible avec ce type de virus chez des sujets vaccinés. Si ces infections n’ont sans doute pas de conséquence clinique chez les donneurs, le risque de contamination transfusionnelle ne peut être écarté.
Reste à décider si, malgré un rapport coût-efficacité à l’évidence défavorable, la recherche systématique de l’ADN viral du VHB doit être envisagée…

Dr Nicolas Chabert

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by **nour elhouda** Thu 1 Nov - 17:34

Grand merci pour le partage,sa fait peur? Smile

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