Fibrome utérin (diagnostique et surveillance)
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Fibrome utérin (diagnostique et surveillance)
J. de LAVEAUCOUPET, Hôpital Antoine Béclère, Clamart Le diagnostic de fibrome utérin repose sur l’échographie par voie sus-pubienne et endovaginale 2 D et 3 D avec Doppler. L’IRM est la technique la plus efficace pour quantifier le nombre exact de fibromes, préciser leur topographie, leur caractérisation tissulaire et leur vascularisation. Ces techniques d’imagerie permettent d’orienter vers le choix thérapeutique le plus adapté, en particulier chez une femme en âge de procréer. Il s’agit d’une pathologie très fréquente développée pendant la période d’activité génitale, intéressant environ 30 % des femmes de plus de 35 ans. Le fibrome utérin est une tumeur bénigne bien circonscrite, sans capsule, constituée de fibres musculaires lisses et de tissu conjonctif. L’hyperestrogénie est le terrain habituel. Cliniquement, les fibromes se traduisent par des ménorragies et/ou méno-métrorragies, des douleurs pelviennes ou, plus rarement, par un syndrome de masse. Ils peuvent être asymptomatiques, de découverte fortuite à la suite d’un examen clinique retrouvant un utérus volumineux ou d’une échographie. L’échographie est l’examen diagnostique de référence pour le diagnostic des fibromes ; l’hystéroscopie est indiquée pour apprécier leur retentissement intracavitaire. Seuls les fibromes symptomatiques sont traités. Le but de l’imagerie est d’orienter la stratégie thérapeutique dont les modalités sont les suivantes : traitement médical, chirurgie conservatrice (myomectomie par laparotomie, par voie coelioscopique ou hystéroscopique) ou chirurgie radicale (hystérectomie), traitement par embolisation, technique combinée associant embolisation et chirurgie élective des fibromes et, modalité plus récente, thermo-ablation par ultrasons focalisés sous IRM. Cette évaluation préthérapeutique est effectuée par échographie ou, au mieux, par IRM pelvienne. Afin de s’orienter vers le traitement le plus adapté, l’imagerie droit répondre à différentes questions : – quels sont le nombre, la localisation, la taille du (ou des) fibrome(s) ? – s’agit-il d’un ou de fibromes simples ou compliqués ? – quel est le type de vascularisation du (ou des) fibrome(s) ? – quels sont les diagnostics différentiels et y a-t-il des lésions associées ? Comment diagnostiquer ? Échographie Elle reste la technique de choix pour l’exploration du pelvis féminin en première intention. Elle permet le diagnostic des fibromes suspectés cliniquement et la détection des fibromes asymptomatiques. Les voies suspubienne et endovaginale 2 D, au mieux 3 D, doivent toujours être associées successivement, la première à type de repérage, la seconde pour une meilleure définition du ou des fibromes. L’échographie permet de préciser leur échostructure, leur localisation et leur volume ; ces précisions sont nécessaires avant d’envisager un traitement chirurgical par voie hystéroscopique. Échostructure Les fibromes se présentent comme des nodules arrondis ou ovalaires dont l’échogénicité est variable, fonction de leur contingent tissulaire solide et de leur remaniement interne hémorragique, oedémateux ou nécrotique. Le plus souvent, il s’agit d’un nodule hypoéchogène homogène, à contours réguliers, facilement délimité par le myomètre sain adjacent (figure 1) ; parfois, les fibromes sont hétérogènes avec des plages hyper- et hypoéchogènes en fonction du degré de fibrose, ou ils peuvent contenir des plages franchement anéchogènes en cas de dégénérescence kystique ; ils peuvent être calcifiés, soit en périphérie, soit entièrement, ce qui se traduit alors par une image arciforme avec cône d’ombre (figure 2). Le Doppler couleur permet la délimitation des lésions grâce à la visualisation de la couronne vasculaire périphérique située dans la pseudo-capsule (figure 3).
Il est important de préciser la situation des myomes par rapport à l’endomètre et la séreuse utérine. L’échographie permet de préciser le siège sous-muqueux, interstitiel et sous-séreux du fibrome. – Les myomes sous-séreux déforment les contours utérins en donnant une image d’addition ; ils peuvent poser des problèmes diagnostiques lorsqu’ils sont pédiculés, pouvant être interprétés comme un1e masse annexielle ; le Doppler couleur aide au diagnostic en montrant des vaisseaux dans le pédicule du myome. – Les myomes interstitiels ou intramuraux sont situés dans l’épaisseur du myomètre, entourés de parenchyme sain les séparant de l’endomètre ou de la face externe de l’utérus ; lorsqu’ils sont volumineux, ils intéressent toute l’épaisseur du myomètre et présentent alors un dôme sous-séreux et/ou un dôme sous-muqueux. - Les myomes sous-muqueux refoulent et étirent l’endomètre. L’échographie permet de préciser l’importance de la composante intracavitaire qui est classée en trois types. L’échographie 3 D apparaît très utile pour l’analyse des rapports avec l’endomètre dans les trois plans (figure 4). Lorsqu’il existe plusieurs myomes, les coupes coronales facilitent la visualisation des différentes localisations sous-séreuses, intramurales ou sous-muqueuses des fibromes. L’hystérosonographie permet une étude plus précise des rapports entre myome sousmuqueux et endomètre, grâce au décollement des deux faces de l’endomètre par le sérum salé qui vient alors mouler les fibromes à extension endocavitaire (figure 5).
Ces précisions sont nécessaires, en particulier si on envisage une résection chirurgicale par voie hystéroscopique. Ces critères de résection sont : diamètre du fibrome sous-muqueux < 5 cm et mur postérieur de sécurité ≥ 5 mm (figure 6). Apport de l’IRM L’échographie peut être limitée si l’utérus est volumineux et/ou s’il existe plus de quatre localisations fibromateuses. L’IRM apparaît alors comme une technique complémentaire très intéressante pour réaliser la cartographie des différents fibromes, permettre leur caractérisation tissulaire et préciser leur type de vascularisation, en particulier si on envisage un traitement par embolisation. Un des avantages de l’IRM, comparativement à l’échographie, est son excellente reproductibilité inter-observateur. En pratique, on réalise des séquences en pondération T2 dans le plan coronal et sagittal, en pondération T1 dans le plan axial, sans, puis après injection de gadolinium, en général avec suppression du signal de la graisse pour mieux délimiter les contours des fibromes. Il apparaît en hyposignal net T2, et en isosignal comparativement au myomètre en T1 (figure 7). Après injection de gadolinium, le rehaussement est globalement homogène, parallèle au myomètre. Différents types de remaniements de fibrome peuvent être différenciés, grâce à l’étude du signal en T1 et T2 en IRM : – le remaniement oedémateux : il débute en périphérie où il va se traduire par un anneau en hyposignal T1, hypersignal T2 autour du fibrome ; – le remaniement hémorragique : commençant également en périphérie du fibrome, il apparaît sous forme d’un anneau périphérique en hypersignal T1 hyper-signal T2 d’épaisseur variable (figure ;
– les remaniements nécrotiques sont d’installation le plus souvent aiguë ou subaiguë, secondaires à des remaniements hémorragiques successifs. Cette transformation est plus fréquente en cas de grossesse, touchant environ 10 % des fibromes chez la femme enceinte, et également décrite avec la prise de contraceptifs. Cette forme est responsable de signes systémiques à type de fièvre et syndrome inflammatoire ; dans ce cas, le centre du fibrome apparaît en hypersignal T2 et hyposignal T1 variable avec un rehaussement périphérique (figure 10) ; – D’autres remaniements peuvent correspondre à une forme de vieillissement de fibrome : hyalinisation focale ou généralisée, remaniements myxoïdes, infiltration graisseuse (l’aspect IRM en hypersignal T1 est à différencier de remaniement hémorragique par le recours aux séquences en suppression de graisse), remaniements calciques ; – une forme particulière de fibrome est représentée par une lésion comportant une proportion élevée de cellules musculaires lisses avec une faible quantité de matrice extracellulaire, et une vascularisation plus riche ; ces fibromes dits « cellulaires » ont la particularité de présenter un hypersignal marqué en pondération T2 et d’être rehaussés de façon intense après injection de gadolinium (figure 11).
Adénomyose C’est le principal diagnostic différentiel du fibrome. Il s’agit de greffe ectopique de tissu endométrial (glandes et chorion) dans le myomètre correspondant à un phénomène probablement physiologique se développant avec l’âge, puisqu’il est présent chez près de 50 % des femmes après 40 ans. Cette pathologie utérine bénigne a longtemps été sousestimée, car confondue avec un gros utérus dit fibromateux. Elle peut être retrouvée seule ou associée à des fibromes utérins. Il existe deux types d’adénomyose : l’adénomyose diffuse et la forme localisée, appelée adénomyome.
Dans la forme localisée ou adénomyome, l’échographie retrouve une zone nodulaire hétérogène à contours flous posant le diagnostic différentiel avec un myome ; l’étude Doppler couleur montre alors une vascularisation normale conservée avec aspect radiaire des vaisseaux traversant l’adénomyome vers l’endomètre sans signe de refoulement. Le diagnostic en IRM repose sur des critères bien décrits : utérus augmenté de volume avec développement parfois asymétrique de l’une de ses faces, épaississement focal ou diffus de la zone jonctionnelle, siège de spots hyperintenses en T2 et parfois T1, correspondant aux dilatations kystiques des foyers endométriaux ectopiques qui peuvent être le siège de remaniements hémorragiques (figure 14).
Une endométriose profonde doit être recherchée en cas de symptomatologie douloureuse dominante, pouvant être associée à l’adénomyose dans 30 % des cas. Un polype muqueux à large base d’implantation est à évoquer devant une masse intracavitaire ; son diagnostic peut être fait par le Doppler énergie qui montre la vascularisation de son pédicule. L’hystérosonographie augmente la sensibilité et la fiabilité du diagnostic échographique des polypes en permettant leur expansion intracavitaire. Toutefois, le traitement étant identique pour le fibrome sous-muqueux intracavitaire et le polype (résection endoscopique), une différenciation préopératoire entre ces deux entités présente peu d’intérêt. Les sarcomes utérins peuvent être confondus avec une pathologie fibromateuse car ils se manifestent par la même symptomatologie. Parmi eux, le léïomyosarcome réalise une lésion circonscrite souvent volumineuse, se présentant en échographie et IRM comme un gros fibrome remanié.Toutefois, en IRM, certains critères orientent vers la malignité : contours irréguliers, plages de nécrose tumorale en hypersignal T2, hémorragie intralésionnelle en hypersignal T1, prise de contraste intense et hétérogène, présence d’adénopathies des chaînes iliaques (figure 15).
Comment surveiller ? L’échographie seule permet la surveillance des fibromes peu ou non symptomatiques, non traités. Le rythme de cette surveillance sera fonction de l’évolution de la symptomatologie clinique. L’IRM apparaît la technique de choix pour la surveillance des fibromes après traitement conservateur. L’IRM est utilisée dans le monitorage de l’efficacité des analogues de la GnRH pour évaluer la réduction en taille des fibromes.
Seuls les fibromes cellulaires réagissent au traitement médical, alors que les fibromes dégénérés montrent peu de réponse. Toutefois, l’hyperestrogénie induite par les agonistes ne permet pas une utilisation prolongée (risque de déperdition osseuse) et leur effet est transitoire avec réapparition des symptômes et retour au volume utérin et fibromateux initial 6 à 12 mois après l’arrêt du traitement. En cas de traitement par embolisation utérine, l’aspect IRM des fibromes est caractérisé par une nécrose hémorragique : leur centre devient hyperintense en T1 sans et avec suppression de graisse (figure 16). L’IRM est pratiquée pour évaluer le volume et la dévascularisation des fibromes : une IRM à 6 mois et à 1 an est proposée. L’IRM possède une bonne valeur prédictive positive quant au risque de récidive ; l’existence d’une zone de rehaussement en calotte sphérique à la périphérie d’un fibrome après injection de gadolinium doit faire attendre une repousse du fibrome dans environ 60 % des cas après 3 ans de recul. Après myomectomie par voie abdominale, le risque de récidive se situe aux alentours de 10 % à 5 ans ; ce risque semble augmenter après myomectomie par voie coelioscopique car les exérèses de petits fibromes ne sont pas réalisées. Ces récidives sont diagnostiquées par l’échographie pelvienne pratiquée en fonction de la symptomatologie clinique. |
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Re: Fibrome utérin (diagnostique et surveillance)
Quid de la thermodestruction des fibromes utérins par ultrasons focalisés ?
Publié le 31/01/2011
Environ 30 % des patientes en âge de procréer présentent un ou plusieurs fibromes et un tiers d’entre elles sont symptomatiques, nécessitant un traitement pour réduire les saignements, ou soulager les douleurs, ou pour améliorer la fertilité, ou diminuer les risques obstétricaux des fibromes. De multiples traitements médicaux ou chirurgicaux sont disponibles : l’hystérectomie totale chez la femme ménopausée, la myomectomie, ou bien les méthodes de destruction du fibrome qui permettent une solution plus conservatrice. Parmi elles, l’embolisation des artères utérines est bien validée, et d’autres techniques existent telles que le laser, l’énergie bipolaire ou cryothérapie, réalisables par coelioscopie.
C’est dans ce contexte de recherche d’une solution conservatrice et bien tolérée que la technique de thermodestruction des fibromes par ultrasons focalisés est apparue. Les ultrasons produisent une énergie permettant de détruire par la chaleur lorsqu’ils sont concentrés ou focalisés, sans léser la paroi où ils ne sont pas présents. Le contrôle parfait de l’efficacité et de la sécurité du traitement se fait par l’IRM qui permet la mesure de la chaleur au sein du tissu détruit et la thermométrie précise autour de la cible et sur le trajet des ultrasons y compris au niveau de la peau. La procédure qui se réalise dans l’IRM avec une simple analgésie, en ambulatoire, permet d’éviter anesthésie générale et les douleurs postopératoires. La durée du traitement dépend de la taille du fibrome (environ 3 heures pour un fibrome de 8 cm).
Seuls les fibromes symptomatiques sont traités. Les bonnes indications sont les fibromes uniques interstitiels non pédiculés, non intracavitaires ou sous-muqueux prédominants, avec une taille entre 4 et 10 cm, de localisation antérieure (pour être accessible), en hyposignal T2 sur l’IRM (texture qui obtient les meilleurs résultats). Il est possible de traiter plusieurs fibromes en plusieurs fois.
Les contre-indications sont celles liées à l’IRM, et la présence de structures absorbant les ultrasons focalisés sur le trajet incident comme une cicatrice cutanée, une anse intestinale (risque de brûlure grave et de perforation intestinale) ou une structure osseuse trop proche comme le rachis. Sont ainsi récusés les fibromes très postérieurs, les utérus rétroversés, les fibromes de plus de 12 cm. La surcharge pondérale est aussi un facteur limitant. Enfin, il y a peu d’articles sur les grossesses après traitement par ultrasons, et il convient d’être prudent même en l’absence de contre-indication théorique ; des anomalies de placentation restant possibles.
Cette technique représente une alternative chirurgicale et financière intéressante et donc une vraie solution, une fois la courbe d’apprentissage passée, qui doit motiver son développement.
Dr Stéphanie Mauduit
Publié le 31/01/2011
Environ 30 % des patientes en âge de procréer présentent un ou plusieurs fibromes et un tiers d’entre elles sont symptomatiques, nécessitant un traitement pour réduire les saignements, ou soulager les douleurs, ou pour améliorer la fertilité, ou diminuer les risques obstétricaux des fibromes. De multiples traitements médicaux ou chirurgicaux sont disponibles : l’hystérectomie totale chez la femme ménopausée, la myomectomie, ou bien les méthodes de destruction du fibrome qui permettent une solution plus conservatrice. Parmi elles, l’embolisation des artères utérines est bien validée, et d’autres techniques existent telles que le laser, l’énergie bipolaire ou cryothérapie, réalisables par coelioscopie.
C’est dans ce contexte de recherche d’une solution conservatrice et bien tolérée que la technique de thermodestruction des fibromes par ultrasons focalisés est apparue. Les ultrasons produisent une énergie permettant de détruire par la chaleur lorsqu’ils sont concentrés ou focalisés, sans léser la paroi où ils ne sont pas présents. Le contrôle parfait de l’efficacité et de la sécurité du traitement se fait par l’IRM qui permet la mesure de la chaleur au sein du tissu détruit et la thermométrie précise autour de la cible et sur le trajet des ultrasons y compris au niveau de la peau. La procédure qui se réalise dans l’IRM avec une simple analgésie, en ambulatoire, permet d’éviter anesthésie générale et les douleurs postopératoires. La durée du traitement dépend de la taille du fibrome (environ 3 heures pour un fibrome de 8 cm).
Seuls les fibromes symptomatiques sont traités. Les bonnes indications sont les fibromes uniques interstitiels non pédiculés, non intracavitaires ou sous-muqueux prédominants, avec une taille entre 4 et 10 cm, de localisation antérieure (pour être accessible), en hyposignal T2 sur l’IRM (texture qui obtient les meilleurs résultats). Il est possible de traiter plusieurs fibromes en plusieurs fois.
Les contre-indications sont celles liées à l’IRM, et la présence de structures absorbant les ultrasons focalisés sur le trajet incident comme une cicatrice cutanée, une anse intestinale (risque de brûlure grave et de perforation intestinale) ou une structure osseuse trop proche comme le rachis. Sont ainsi récusés les fibromes très postérieurs, les utérus rétroversés, les fibromes de plus de 12 cm. La surcharge pondérale est aussi un facteur limitant. Enfin, il y a peu d’articles sur les grossesses après traitement par ultrasons, et il convient d’être prudent même en l’absence de contre-indication théorique ; des anomalies de placentation restant possibles.
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Re: Fibrome utérin (diagnostique et surveillance)
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii, c'est très interessant.
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Re: Fibrome utérin (diagnostique et surveillance)
Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii, c'est très interessant.
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