Staphylococcus aureus ST398 : du porc à l’homme

by **tedles** Tue 29 Mar - 0:34

S aureus possède dans le monde animal un fort pouvoir de colonisation naso-pharyngée, en particulier chez le porc. Il a été montré que ces souches peuvent se transmettre occasionnellement et transitoirement à l’homme.
Les premières souches de S aureus résistant à la méticilline (SARM) chez le porc ont été isolées aux Pays Bas en 2003. L’identification moléculaire par la technique de Multi Locus Sequence Typing (MLST) de souches initialement non typables par électrophorèse en champ pulsé (PFGE) indique la prédominance, aussi bien en Europe, en Amérique du Nord qu’en Asie, du nouveau complexe clonal ST398. Le portage humain d’un tel clone a été statistiquement corrélé au réservoir animal (porc, bovin) et à la profession d’éleveurs.
La crainte d’une nouvelle zoonose dont l’ampleur et les conséquences pourraient être importantes si les souches étaient multirésistantes aux antibiotiques a justifié la mise en place de réseaux de surveillance européens.
La Finlande, à l’instar d’autres pays du Nord de l’Europe, exerce une surveillance nationale des souches SARM.
De 1998 à 2009, sur 10 615 isolats SARM humains, 10 (0,09 %) étaient non typables (NT) par PFGE-SmaI (1 en 2007, 6 en 2008 et 3 en 2009) ainsi que 20/35 (57 %) souches animales isolées en 2007-2009.
Toutes les souches NT ont été typées sur le plan moléculaire (cassette chromosomique SCCmec, séquençage de la région variable répétée du gène de la protéine A spa). Elles provenaient de 10 humains, 13 chevaux et 7 porcs.
Une analyse par MLST a été effectuée sur des isolats représentatifs de chaque combinaison origine/type spa/type SCCmec, ce qui a permis d’identifier 4 clusters : le premier de 14 isolats (1 humain et 13 équins) lié à une épidémie équine, le 2e de 3 souches humaines, le 3e de 5 souches humaines, et le 4e de 7 isolats porcins.
Toutes les souches appartenaient au complexe clonal ST398. Les cas humains n’avaient eu aucun contact entre eux ni de contact direct avec les animaux en dehors de celui lié à l’épidémie équine, mais ils avaient pour la plupart des antécédents hospitaliers.
Excepté pour les souches liées à l’épidémie équine, aucune technique n’a permis de relier les souches entre elles, ce qui suggère une transmission communautaire non identifiée.
En France, à ce jour, une seule souche humaine SARM ST398 a été identifiée (portage en Guyane Française).
Mais il convient de relativiser ces chiffres car contrairement aux pays du Nord de l’Europe où la faible prévalence de SARM permet une surveillance et une caractérisation moléculaire de la quasi-totalité des souches, la prévalence élevée de SARM en France (environ 25 %) ne permet pas une telle démarche.

Dr Muriel Macé