Le spaghetti remplacera-t-il la technique de Mohs ?

by **tedles** Thu 21 Apr - 14:43

Les dermatologues et les chirurgiens plasticiens marseillais proposent une alternative à la technique de Mohs lors de l’exérèse de certains mélanomes, tels que les mélanomes de Dubreuilh, dont les limites sont difficiles à apprécier cliniquement et pour lesquels l’intervention doit souvent être complétée.
La chirurgie de Mohs consiste à enlever, en une exérèse monobloc, la tumeur avec une marge minime. L’analyse microscopique associée à une cartographie de la totalité de la pièce d’exérèse, permet de préciser exactement l’étendue de la tumeur et de compléter éventuellement l’exérèse si celle-ci a été insuffisante, en laissant des zones envahies. Cette approche permet une réduction des marges d’exérèse et d’épargner du tissu sain tout en ôtant complètement la tumeur. Lorsque la technique de Mohs peut être appliquée en un temps, elle s’accompagne d’une reconstruction immédiate mais en Europe, le chirurgien n’assure jamais à lui seul tout le protocole et doit avoir recours à l’anatomopathologiste de sorte que la fermeture de l’exérèse est souvent différée.
D’où la technique du spaghetti qui, sur le plan conceptuel, est simple puisqu’il s’agit de dessiner une mince bande de peau autour de la lésion cliniquement individualisée. Cette mince bande de peau, qui est immédiatement suturée, est ensuite examinée en petits segments. L’examen de ces morceaux de spaghetti, repérés au préalable, permet de vérifier l’absence de tissu tumoral en tout point. Si tel n’est pas le cas, la même technique de spaghetti est reprise au niveau du ou des segments envahis. Lorsque l’ensemble des spaghettis est indemne de lésion tumorale, l’exérèse monobloc de toute la zone interne au dernier spaghetti enlevé peut être réalisée.
Selon les auteurs, cette technique est simple, ne nécessite pas de formation particulière des chirurgiens et des pathologistes et par ailleurs, elle permet d’éviter de laisser la zone d’exérèse sans couverture en cicatrisation dirigée, avant une éventuelle reprise d’exérèse et la suture finale, situation qui gêne considérablement les patients.

Illustration : Frederic E. Mohs (1910-2002), inventeur de la technique chirurgicale éponyme

Dr Patrice Plantin