Faut-il abandonner le rythme de 3 hémodialyses par semaine ?
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Faut-il abandonner le rythme de 3 hémodialyses par semaine ?
Depuis la création du monde, ou tout au moins depuis la rédaction du premier chapitre du livre de la Genèse, la semaine comporte 7 jours. Et malgré une tentative, vite avortée, de décimalisation entre 1793 et 1805 (an XIII), ce rythme septennal a été universellement admis.
Or, cette semaine de 7 jours, à travers ses conséquences sociales et économiques, pose des problèmes sanitaires, bien sûr insoupçonnés à l'origine et bien difficiles à résoudre. C'est ce que permet de mettre en exergue un travail qui vient d'avoir les honneurs du New England Journal of Medicine (1).
Un groupe de Minneapolis s'est en effet penché sur les conséquences du rythme tri-hebdomadaire des séances d'hémodialyse habituellement retenu pour la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique terminale. Sept n'étant pas divisible par 3, ce rythme implique que le délai entre deux séances soit d'un jour deux fois et de deux jours une fois par semaine (englobant le plus souvent le week-end pour des raisons d'organisation des hôpitaux et/ou des centres de dialyse).
La morbi-mortalité est la plus élevée après deux jours sans dialyse
Pour cette étude R N Foley et coll. se sont appuyés sur les données de 32 065 insuffisants rénaux traités par 3 hémodialyses par semaine entre 2004 et 2007 aux Etats-Unis. Il a ainsi été possible de mesurer la fréquence de divers événements défavorables en fonction de la date de la dernière séance d'hémodialyse et donc de comparer le jour suivant un intervalle de 48 heures entre deux séances (J+3) (souvent le lundi) des autres jours de la semaine.
Il est apparu que ce jour J+3 était marqué par une augmentation significative de la mortalité et de la morbidité cardiaque. Ainsi, le taux de mortalité globale à J+3 était de 22,1 pour 100 personnes années contre 18 les autres jours (p<0,001), la mortalité de cause cardiaque de 10,2 pour 100 personnes années contre 7,5 (p<0,001), les hospitalisations pour infarctus du myocarde de 6,3 pour 100 personnes années contre 3,9 (p<0,001). Des données allant dans le même sens ont été constatées pour les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral ou troubles du rythme.
Cette majoration significative de la mortalité cardiovasculaire à J+3 a été constatée pour la majorité des sous groupes de patients.
Des solutions ayant d’importantes répercussions économiques et sociales
Cet accroissement significatif de la morbi-mortalité de causes cardiaques s'explique probablement par l'aggravation des troubles de l'homéostasie hydro-électrolytique à mesure que l'on s'éloigne de la dernière séance d'hémodialyse. Il aurait été intéressant à cet égard de disposer de données sur la fonction rénale résiduelle afin, peut-être, de pouvoir identifier les patients les plus à risque après un long intervalle entre deux séances.
Bien que cette étude observationnelle n’ait pas la valeur probante d’un essai randomisé, et que des facteurs de confusion restent possibles, elle invite peut-être à revoir, au moins pour certains patients, l’organisation de l’hémodialyse chronique.
Plusieurs solutions sont en théorie possibles :
- L’hémodialyse quotidienne (ou plutôt 6 jours sur 7). Dans un essai randomisé récent (2) elle a fait la preuve de son efficacité sur la morbi-mortalité cardiovasculaire par rapport à un rythme tri-hebdomadaire. Sa mise en œuvre poserait cependant des problèmes organisationnels et économiques majeurs sans parler de la perturbation de la vie sociale et familiale qu’elle implique si les séances n’ont pas lieu à domicile.
- La mise en place, pour tous les patients (ou pour les malades à plus haut risque, si il est possible de les identifier) de programmes d’hémodialyse un jour sur deux (soit 7 séances sur 2 semaines au lieu de 6). Ceci, outre le surcoût lié à 26 séances supplémentaires par an, imposerait un changement des rythmes de travail dans les centres de dialyse (et notamment de travailler tous les samedi).
Quant à une nouvelle adoption du calendrier révolutionnaire, qui avec ses 10 jours par décade, résoudrait la question de façon élégante, elle ne paraît pas pouvoir être mise à l’ordre du jour, pour de multiples raisons, religieuses, politiques, internationales et même syndicales le nombre de décadi dans l’année étant nettement inférieur à celui des dimanches…
Dr Anastasia Roublev
Or, cette semaine de 7 jours, à travers ses conséquences sociales et économiques, pose des problèmes sanitaires, bien sûr insoupçonnés à l'origine et bien difficiles à résoudre. C'est ce que permet de mettre en exergue un travail qui vient d'avoir les honneurs du New England Journal of Medicine (1).
Un groupe de Minneapolis s'est en effet penché sur les conséquences du rythme tri-hebdomadaire des séances d'hémodialyse habituellement retenu pour la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique terminale. Sept n'étant pas divisible par 3, ce rythme implique que le délai entre deux séances soit d'un jour deux fois et de deux jours une fois par semaine (englobant le plus souvent le week-end pour des raisons d'organisation des hôpitaux et/ou des centres de dialyse).
La morbi-mortalité est la plus élevée après deux jours sans dialyse
Pour cette étude R N Foley et coll. se sont appuyés sur les données de 32 065 insuffisants rénaux traités par 3 hémodialyses par semaine entre 2004 et 2007 aux Etats-Unis. Il a ainsi été possible de mesurer la fréquence de divers événements défavorables en fonction de la date de la dernière séance d'hémodialyse et donc de comparer le jour suivant un intervalle de 48 heures entre deux séances (J+3) (souvent le lundi) des autres jours de la semaine.
Il est apparu que ce jour J+3 était marqué par une augmentation significative de la mortalité et de la morbidité cardiaque. Ainsi, le taux de mortalité globale à J+3 était de 22,1 pour 100 personnes années contre 18 les autres jours (p<0,001), la mortalité de cause cardiaque de 10,2 pour 100 personnes années contre 7,5 (p<0,001), les hospitalisations pour infarctus du myocarde de 6,3 pour 100 personnes années contre 3,9 (p<0,001). Des données allant dans le même sens ont été constatées pour les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral ou troubles du rythme.
Cette majoration significative de la mortalité cardiovasculaire à J+3 a été constatée pour la majorité des sous groupes de patients.
Des solutions ayant d’importantes répercussions économiques et sociales
Cet accroissement significatif de la morbi-mortalité de causes cardiaques s'explique probablement par l'aggravation des troubles de l'homéostasie hydro-électrolytique à mesure que l'on s'éloigne de la dernière séance d'hémodialyse. Il aurait été intéressant à cet égard de disposer de données sur la fonction rénale résiduelle afin, peut-être, de pouvoir identifier les patients les plus à risque après un long intervalle entre deux séances.
Bien que cette étude observationnelle n’ait pas la valeur probante d’un essai randomisé, et que des facteurs de confusion restent possibles, elle invite peut-être à revoir, au moins pour certains patients, l’organisation de l’hémodialyse chronique.
Plusieurs solutions sont en théorie possibles :
- L’hémodialyse quotidienne (ou plutôt 6 jours sur 7). Dans un essai randomisé récent (2) elle a fait la preuve de son efficacité sur la morbi-mortalité cardiovasculaire par rapport à un rythme tri-hebdomadaire. Sa mise en œuvre poserait cependant des problèmes organisationnels et économiques majeurs sans parler de la perturbation de la vie sociale et familiale qu’elle implique si les séances n’ont pas lieu à domicile.
- La mise en place, pour tous les patients (ou pour les malades à plus haut risque, si il est possible de les identifier) de programmes d’hémodialyse un jour sur deux (soit 7 séances sur 2 semaines au lieu de 6). Ceci, outre le surcoût lié à 26 séances supplémentaires par an, imposerait un changement des rythmes de travail dans les centres de dialyse (et notamment de travailler tous les samedi).
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tedles-
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Re: Faut-il abandonner le rythme de 3 hémodialyses par semaine ?
Merci pour le partage,ce sujet m'a rappelé une situation vécu avec l'hémodialyse très alarmante .
nour elhouda-
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