Les troubles du sommeil, « vrai enjeu de santé publique »

by **wafa** Fri 19 Mar - 13:36

Les troubles du sommeil, « vrai enjeu de santé publique »

À l'occasion de la 10e journée mondiale du Sommeil aujourd'hui, Christelle Monaca, neurologue, souligne la nécessité de traiter les apnées du sommeil.

Pourquoi le sommeil est-il si important pour la santé ?
>> Nous passons un tiers de notre vie à dormir.
En seulement deux générations, nous avons perdu une heure et demie de sommeil. On sait pourtant aujourd'hui que la privation de sommeil est néfaste pour la santé. Cela augmente le risque de diabète, d'hypertension artérielle et aussi d'obésité. Cela joue également sur la mémoire et sur l'humeur des personnes.

Qu'attendez-vous de cette 10e journée mondiale du Sommeil ?
>> C'est un véritable enjeu de santé publique. Ce n'est pas mortel en soi mais les conséquences peuvent l'être. La première cause d'accident sur la voie publique n'est plus l'alcool mais la somnolence au volant. Une telle journée consacrée à ce sujet permet de médiatiser un problème qui n'est pas pris en considération, et trop souvent banalisé.
Cette année, pour la première fois, nous sortons de l'hôpital ! Une exposition sur le sommeil est prévue avec des démonstrations d'enregistrement du sommeil en partenariat avec Santélys, seule et unique association de la région d'appareillage à domicile pour l'apnée du sommeil. Un mini-forum permettra également d'informer le public et de répondre à ses questions.

On parle davantage du syndrome d'apnée du sommeil. Quels sont les risques pour la santé ?
>> L'apnée du sommeil est une obstruation des voies aériennes lors du sommeil. L'air ne passe plus, et on se réveille un instant pour reprendre sa respiration. La personne n'a pas un sommeil réparateur et cela se traduit par des somnolences la journée. L'augmentation du nombre de personnes en surpoids, en particulier dans le Nord - Pas-de-Calais, a entraîné une hausse des syndromes d'apnée du sommeil. Au niveau national, cela touche près de 6 % de la population. Si cela n'est pas traité, c'est un facteur aggravant de risque cardiovasculaire, d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral, d'où l'importance d'un dépistage. Aujourd'hui, il existe des appareils compacts et silencieux qui aident à retrouver un sommeil régulier.

Les troubles du sommeil sont-ils une fatalité ?
>> La privation de sommeil est étroitement liée à l'hygiène de vie des personnes. Il faut alors traiter la cause du trouble et non pas le sommeil en tant que tel. Pour ceux qui ont du mal à dormir, parce qu'ils sont déprimés par exemple, il faut traiter la dépression. Contre le stress et l'anxiété, la relaxation marche très bien. Souvent, la solution n'est pas de prendre des somnifères afin de mieux dormir. C'est facile de commencer mais c'est difficile d'arrêter. Et si cela devient vraiment indispensable, ils doivent être prescrits pour une courte durée : 28 jours au maximum.

Quelles sont les personnes les plus touchées ?
>> Les troubles du sommeil interviennent à tout âge. Les travailleurs de nuit, comme les routiers, ou encore les patrons d'entreprise débordés qui n'ont pas le temps de dormir sont des cas fréquents dans ce service. Il faut souvent revoir leurs habitudes de vie. À l'image de la télévision, Internet est une vraie calamité pour le sommeil. Au niveau alimentaire aussi, il faut faire attention : la caféine, l'alcool ou encore la cigarette favorisent les troubles du sommeil. Certains aimeraient avoir la pilule miracle qui empêche de dormir, mais je n'ai pas cela !