Interaction possible entre IPP et aspirine en prévention cardiovasculaire
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Interaction possible entre IPP et aspirine en prévention cardiovasculaire
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont largement prescrits en prévention des complications digestives chez les patients sous anti-thrombotiques. Leur interaction avec le clopidogrel a déjà fait l’objet de nombreux travaux et d’aussi nombreuses discussions. D’autres études récentes ont montré ex vivo que les IPP diminuaient la réponse plaquettaire à l’aspirine, en augmentant l’agrégation plaquettaire résiduelle et l’activation des plaquettes. Ce sont les éventuelles conséquences cliniques de cette interaction qu’une équipe danoise a voulu explorer.
Il s’agit d’une étude rétrospective de cohorte, basée sur les données des registres nationaux. Près de 20 000 patients traités par aspirine à la suite d’un infarctus du myocarde ont été inclus et suivis pendant 1 an après leur accident coronaire. Parmi ces patients, 21,6 % recevaient un IPP. Ont été exclus de l’étude les patients sous clopidogrel. Quatre molécules étaient prescrites, pantoprazole, oméprazole, lansoprazole et esmoprazole.
Pendant le suivi, 16,9 % des patients ont présenté un nouvel épisode d’infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou sont décédés de cause cardiovasculaire. L’analyse des données montre un risque plus élevé de récidive d’accident vasculaire ou de décès chez les patients recevant un IPP (HR 1,46, IC 95 % : 1,33 à 1,61, P<0,001). Une autre analyse est réalisée, en appariant 2 par 2 les patients traités par aspirine, les uns sans IPP, les autres avec IPP. Le résultat est là aussi en faveur d’une interaction entre l’IPP et l’aspirine, avec un hazard ratio de 1,61 (1,45 à 1,79, P <0,001) pour le décès de cause cardiovasculaire ou la réadmission pour infarctus ou accident vasculaire cérébral.
Plusieurs explications sont avancées par les auteurs de l’étude. La première est une diminution de la biodisponibilité de l’aspirine sous IPP du fait de la modification du pH gastrique. La deuxième envisage la responsabilité directe des IPP dans l’augmentation du risque cardiovasculaire, par un mécanisme physiopathologique encore inconnu. La troisième enfin est que le design de l’étude elle-même, de type rétrospectif et d’après registre, serait à l’existence de biais qui cacheraient l’influence de facteurs confondants.
Les auteurs soulèvent toutefois une importante question. Cette étude doit en effet se lire à la lumière des récentes polémiques concernant l’interaction possible entre les IPP et le clopidogrel. De nombreux patients sous clopidogrel reçoivent aussi de l’aspirine et il n’est pas impossible, selon les auteurs, qu’une partie des effets imputés à l’interaction entre le clopidogrel et les IPP soient en réalité le résultat de l’interaction entre l’aspirine et les IPP. Voila qui ouvre un nouveau champ de travaux, dont les conclusions seront attendues avec intérêt.
Dr Roseline Péluchon
Charlot M et coll.: Proton pumpinhibitor use andrisk ofadverse cardiovascular events in aspirin treated patients with first time myocardial infarction: nationwide propensity score matched study
BMJ 2011;342:d2690
Il s’agit d’une étude rétrospective de cohorte, basée sur les données des registres nationaux. Près de 20 000 patients traités par aspirine à la suite d’un infarctus du myocarde ont été inclus et suivis pendant 1 an après leur accident coronaire. Parmi ces patients, 21,6 % recevaient un IPP. Ont été exclus de l’étude les patients sous clopidogrel. Quatre molécules étaient prescrites, pantoprazole, oméprazole, lansoprazole et esmoprazole.
Pendant le suivi, 16,9 % des patients ont présenté un nouvel épisode d’infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou sont décédés de cause cardiovasculaire. L’analyse des données montre un risque plus élevé de récidive d’accident vasculaire ou de décès chez les patients recevant un IPP (HR 1,46, IC 95 % : 1,33 à 1,61, P<0,001). Une autre analyse est réalisée, en appariant 2 par 2 les patients traités par aspirine, les uns sans IPP, les autres avec IPP. Le résultat est là aussi en faveur d’une interaction entre l’IPP et l’aspirine, avec un hazard ratio de 1,61 (1,45 à 1,79, P <0,001) pour le décès de cause cardiovasculaire ou la réadmission pour infarctus ou accident vasculaire cérébral.
Plusieurs explications sont avancées par les auteurs de l’étude. La première est une diminution de la biodisponibilité de l’aspirine sous IPP du fait de la modification du pH gastrique. La deuxième envisage la responsabilité directe des IPP dans l’augmentation du risque cardiovasculaire, par un mécanisme physiopathologique encore inconnu. La troisième enfin est que le design de l’étude elle-même, de type rétrospectif et d’après registre, serait à l’existence de biais qui cacheraient l’influence de facteurs confondants.
Les auteurs soulèvent toutefois une importante question. Cette étude doit en effet se lire à la lumière des récentes polémiques concernant l’interaction possible entre les IPP et le clopidogrel. De nombreux patients sous clopidogrel reçoivent aussi de l’aspirine et il n’est pas impossible, selon les auteurs, qu’une partie des effets imputés à l’interaction entre le clopidogrel et les IPP soient en réalité le résultat de l’interaction entre l’aspirine et les IPP. Voila qui ouvre un nouveau champ de travaux, dont les conclusions seront attendues avec intérêt.
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Re: Interaction possible entre IPP et aspirine en prévention cardiovasculaire
Merci pour le partage .
nour elhouda-
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