Louisa Hanoune à propos du changement d'attitude de Ould Abbès: «A-t-on rappelé à l’ordre Monsieur le ministre ?»

by **tedles** Tue 9 Aug - 2:23

La SG du Parti des travailleurs semble être plus que déçue par l’attitude de Ould Abbès qu’elle a qualifiée de contradictoire, concernant les pénuries de médicaments. «En l’espace d’une semaine, le ministre de la Santé qui avait dénoncé les lobbies mafieux du médicament a subitement changé de ton. A-t-il été rappelé à l’ordre par les enfants de MM. X et Y ou surtout et j’insiste la fameuse fille de M…», s’est-elle interrogée.

Pour Louisa Hanoune, qui a réuni hier son bureau politique, c’est un scandale que de justifier, masquer ou ne pas sévir contre les lobbies mafieux du médicament qui sont derrière la pénurie que connaît actuellement le secteur. Mais ce qui semble le plus intriguer, la SG du PT, ce sont les déclarations récentes de Ould Abbès qui, après avoir dénoncé les groupes de pression, a fait machine arrière en adoptant un autre langage et selon lequel il n’existe pas de pénurie mais seulement un léger dysfonctionnement dans la chaîne de distribution.

D’où Louisa Hanoune se demande si les enfants de X et Y ou surtout la fameuse fille de M. … n’ont pas fait jouer leur influence. Si la première dame du Parti des travailleurs laisse la question ouverte, elle n’a pas manqué toutefois de clamer : «La République est vraiment au service de pouvoirs occultes si les choses sont ainsi.» Pourtant, pense Louisa Hanoune, il est facile de définir les défaillances, et ce à tous les niveaux. «Un représentant du Snapo a clairement présenté la situation sous ses différents angles et a bien défini à quel niveau se situent les anomalies. Il a parlé entre autres de statut exclusif pour certains importateurs et d’agréments qui ne répondent plus aux normes… si c’est ainsi, qu’attend-on pour réagir ou bien ces gens sont-ils si invulnérables ?»

«Qu’attendez-vous Monsieur le Président ?»
Abordant la question des réformes politiques annoncées par Abdelaziz Bouteflika, la SG du PT s’est demandée ce que attend encore le président de la République pour prendre des décisions, surtout que le climat social actuel ainsi que l’actualité nationale et internationale pressent. Sur la probable révision de la Constitution attendue prochainement, Louisa Hanoune espère que l’opération se fera dans le cadre d’un débat politique, au lieu d’être à nouveau imposée au peuple comme celles de 1989, 1996, 2002 ou encore celle de 2008 qu’elle a qualifiée de superficielle.

S’agissant de la prochaine tripartite, Louisa Hanoune a souhaité voir le gouvernement disposer d’assez de bonne volonté pour réformer la politique sociale à travers la définition d’une nouvelle politique salariale qui prenne en considération l’échelle des valeurs. «Il est inadmissible de payer celui qui a fait 13 ans d’études comme celui qui n’en a pas fait», a-t-elle souligné.

«Vous avez renoncé à un acquis de l’indépendance»
Par ailleurs, la première dame du PT ne semble guère rassurée par la généralisation de la carte Chifa. Pis, elle considère que cette nouvelle stratégie va priver 14 millions d’Algériens non affiliés à la Sécurité sociale de soins gratuits. «En adoptant cette démarche, le gouvernement a renoncé à un des principaux acquis de l’indépendance, à savoir le droit aux soins gratuits», a-t-elle clamé tout en ironisant : «On ne fait pas d’économie sur la santé publique.

Il faut plutôt faire des économies sur les cadeaux que donne le gouvernement au patronat.» Enfin, Louisa Hanoune, et pour la première fois depuis le début du conflit, s’est prononcée sur l’affaire du projet de parking de Bois des Pins, apportant le soutien total du parti aux habitants du quartier. «Ce n’est pas possible qu’il y ait encore des pratiques pareilles en Algérie. Qui est derrière ce projet, cet intouchable qui a abattu des arbres centenaires alors que l’affaire est en justice ? Qui est ce promoteur qui peut massacrer 120 arbres sans que personne réagisse ? Où est le ministre de l’Environnement dans cette histoire ? Pourquoi tant de silence sur un crime pareil ?», s’est-elle indignée.

Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir)