A ceux qui pourraient revenir de vacances avec une hépatite

by **ismano** Wed 18 Apr - 21:14

L’OMS et les CDC ont beau recommander les vaccinations contre les hépatites A et B pour tout voyage en zone endémique, rien n’y fait : nombreux sont parmi les Européens ceux qui veulent « adapter » ces mesures préventives, tant individuellement qu’en suivant leurs recommandations nationales. Les risques d’hépatites A et B ne sont pas identiques : plusieurs études, datant pour les premières des années 1980, ont montré que le risque de contracter le virus de l’hépatite A (VHA) est bien supérieur au risque d’être contaminé par le VHB, ce dernier devenant quasi-virtuel en cas de séjour express. Quels sont, dans ces conditions, les facteurs prédictifs de contracter l’une ou l’autre des 2 infections lors d’un séjour à l’étranger ? Une question à laquelle se proposent de répondre aujourd’hui Ulla S Nielsen et coll., au moins pour ce qui concerne leurs concitoyens Danois.

Etude nationale, donc, de 60 Danois confirmés sans relation à des personnes de pays endémiques et qui ont contracté une hépatite A et de 14 autres une B lors d’un séjour exotique (non western countries) fait avant août 2010, recrutés grâce au Registre national des maladies notifiables et comparés à un groupe contrôle. Il est apparu, dans ce travail, que les Odds Ratio (OR) pour les hépatites A et B augmentaient avec la durée du séjour, bien que 90 % des hépatites A (HA) et 62 % des hépatites B (HB) aient concerné des séjours de moins de 4 semaines et que le taux journalier d’infection n’augmente pas avec le temps, ayant même d’ailleurs au contraire tendance à diminuer pour le VHA (p< 0,0001). Un âge plus élevé ou un séjour en Afrique (OR : 6,1 [3,2-11]) aggravaient le risque d’une HA aiguë ; voyager en solitaire ou avec des amis, par rapport avec un conjoint ou de la famille, celui de l’HB (OR : 15 [3,2-134]). Pour le VHA, le taux d’incidence estimée des natifs Danois voyageant en Afrique, en Asie, en Amérique Latine, aux Caraïbes ou en Océanie était de 12,8 pour 100 000 par mois de voyage non-immun, et celui du VHB de 10,2.

Ce travail présente bien trop de limites et d’approximations pour apparaître comme définitif. Les auteurs évoquent, par exemple, le nombre trop faible des hépatites B dans leur analyse et ne contestent pas les vraisemblables approximations du registre utilisé (il leur apparaît probable que les cas évidents, comme ceux acquis lors d’une excursion sexuelle tarifée en Thaïlande, seront bien notifiés, mais sans doute pas ceux d’une visite contaminante à un barbier turc). Cependant, plaident-ils, les résultats rapportés ici devraient suffire à justifier une révision des guidelines danois de vaccination des voyageurs. On en retiendra, de notre côté, qu’il convient certainement de rester large dans la vaccination des hépatites A et B, et en particulier de ne pas prendre la durée du voyage comme facteur de risque principal.

Dr Jack Breuil

Nielsen U S et coll. : Predictors of travel-related hepatitis A and B among native adults Danes: a nationwide case-control study. J of Infect., 2012; 64: 399-408.