Du gras beige pour combattre l’obésité
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Du gras beige pour combattre l’obésité
Du gras beige pour combattre l’obésité
Des biologistes ont identifié un nouveau type de cellules graisseuses de couleur beige qui ont la particularité de brûler les calories plutôt que de les stocker, comme le font les cellules graisseuses blanches « normales ». Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux traitements contre l’obésité et le diabète.
Si la neutralisation du mal par le mal chère aux homéopathes reste encore à démontrer, des biologistes ont établi que le gras peut éliminer du gras. C’est du moins la conclusion à laquelle est parvenue une équipe internationale après avoir isolé un tout nouveau type de cellules capables de stocker les graisses, mais surtout de les brûler : les adipocytes beiges. Ces résultats, publiés dans la revue Cell, permettent de comprendre l’origine de ces cellules et laissent entrevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques de lutte contre le surpoids et l’obésité.
Du gras blanc pour stocker, du foncé pour chauffer
Localisation des dépôts de graisse beige chez l'adulte
« Nous avons identifié une troisième variété de cellules graisseuses. Il y avait les blanches et les brunes, et maintenant, on sait qu’il en existe un autre type, beige, présent chez presque tous les êtres humains », explique le biologiste Bruce Spiegelman qui a supervisé l’étude. Ces cellules beiges – que l’on retrouve dans des dépôts de la taille d’une noix situés sous la peau, près des clavicules et le long de la colonne vertébrale – ont pour principale fonction la production de chaleur (thermogenèse) ; ce qui les distingue des adipocytes blancs, qui servent essentiellement au stockage des graisses… dont l’excès conduit à l’obésité. Du point de vue fonctionnel, ils sont en revanche assez similaires aux adipocytes bruns dont on pensait jusqu’à peu qu’ils n’étaient présents que chez le nouveau-né et les mammifères hibernants qu’ils protégeaient contre les effets du froid.
Graisse et tremblement
Si les mammifères ont le « sang chaud », c’est parce qu’ils maintiennent leur température corporelle constante ; principalement grâce à la chaleur dégagée par l’activité des muscles et des organes internes. Le tremblement – qui est une contraction involontaire des muscles – suffit généralement à contrer le froid. Mais cette thermogenèse n’est pas assez efficace, ni chez le nouveau-né, dont les muscles sont peu développés, ni chez les animaux qui sortent d’hibernation et qui doivent rapidement faire remonter leur température interne de plusieurs degrés. La combustion des graisses dans les adipocytes bruns apporte dans ce cas la chaleur nécessaire.
Brune musclée contre beige déblanchie
En fait, plusieurs équipes indépendantes pensaient avoir découvert la présence de cellules brunes capables de générer de la chaleur dans le tissu graisseux de certains adultes humains, alors qu’on considérait que le stock de graisse brune fondait et disparaissait rapidement après la naissance. Spiegelman et son équipe du Dana-Farber Cancer Institute de Harvard (Etats-Unis) ont pu entre temps montrer que, quoique similaires, ces cellules « foncées » n’avaient pas la même origine embryologique que les adipocytes bruns présents chez les nouveaux-nés. En effet, la graisse « chauffante » des adultes – baptisée « beige » pour l’occasion –, dérive de la graisse blanche « normale », alors que la graisse brune des bébés provient des cellules musculaires. Dans leur dernière étude, les collaborateurs de Spiegelman se sont donc attachés à caractériser le profil génétique et la physiologie spécifique de ces adipocytes beiges.
L’irisine, l’hormone qui fait fondre
Les chercheurs ont ainsi remarqué que beiges et bruns renfermaient une grande quantité de mitochondries, des organites cellulaires dédiés à la production d’énergie. La différence entre les deux étant que les adipocytes bruns synthétisent en permanence une grande quantité d’UCP1, une protéine qui déclenche la production d’énergie thermique par les mitochondries. En revanche, les adipocytes beiges en synthétisent normalement peu. Toutefois leur production d’UCP1 peut augmenter considérablement, en réponse au froid, ou bien sous l’effet d’une hormone appelée irisine, qui est secrétée par les cellules musculaires lors de l’exercice. Dans ce cas, les cellules beiges deviennent aussi efficaces que les brunes pour la transformation de graisse en chaleur. En outre, l’irisine semble également responsable de la transformation des adipocytes blancs en adipocytes beiges.
« Le potentiel thérapeutique des deux types d’adipocytes " foncés " est manifeste. Chez la souris, les manipulations génétiques induisant la formation de cellules brunes ou beiges ont montré un important effet anti-obésité et anti-diabétique », expliquent les chercheurs dans Cell. Ces derniers espèrent rapidement pouvoir appliquer à l’homme les résultats obtenus chez la souris. Par ailleurs, Bruce Spiegelman a déposé un brevet sur l’irisine, et compte bien exploiter cette molécule pour développer de nouveaux médicaments contre l’obésité.
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Universcience,Par: Yaroslav Pigenet
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