Mourir de mal dormir
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Mourir de mal dormir
Constatant que la plupart des travaux ayant étudié le lien entre troubles du sommeil et mortalité ont jusque-là concerné plus souvent les altérations de la durée du sommeil que ses perturbations qualitatives, des auteurs européens ont cherché à pallier ce manque et évalué, prospectivement, la relation entre perturbations de la qualité du sommeil et mortalité.
Ces auteurs ont pour ce faire examiné les données d’une vaste étude, mise en œuvre en 1989, la cohorte GAZEL, des agents d’Électricité de France-Gaz de France, suivis par questionnaires. Ceux-ci ont également fourni des informations sur les paramètres démographiques et socio-économiques, le mode de vie (dont le tabagisme et la consommation d’alcool), les données professionnelles (dont le travail de nuit), l’IMC, l’état de santé, et les comorbidités (HTA, diabète, angor, infarctus du myocarde, asthme, bronchite chronique).
C’est sur un échantillon comptant 16 989 participants de la cohorte GAZEL ayant répondu en 1990 à un questionnaire sur les troubles du sommeil, et suivis, avec moins de 1 % de perdus de vue, jusqu’à 2009, qu’a porté l’étude. L’évaluation s’est appuyée sur l’adaptation française du Nottingham Health Profile (NHP) à 5 items, précisant 5 troubles du sommeil : la prise de comprimés pour aider à dormir, le fait de rester éveillé le plus clair de la nuit, de mal dormir la nuit, de mettre longtemps à s’endormir, de se réveiller trop tôt au petit matin.
Dans cette population, âgée en moyenne de 45 ans (36-52 ans) au départ, comprenant 4 465 femmes et 12 524 hommes, 14 % des sujets ont rapporté au moins 2 troubles du sommeil, tandis que 58 % ont déclaré être indemnes de tels troubles. Au cours du suivi, de 19 années, 1 045 décès ont été recensés ; 160 sont survenus chez les femmes, 885 chez les hommes.
Après ajustements (sur l’âge, le statut socio-économique et marital, le tabagisme, la consommation d’alcool, l’IMC, le travail de nuit, les comorbidités), l’analyse associe perturbations du sommeil et mortalité toutes causes chez l’homme, mais non chez la femme. En population masculine les réponses affirmatives aux items d’intérêt étaient associées à un risque accru de décès toutes causes en comparaison des hommes n’ayant pas rapporté ces difficultés à dormir, avec une tendance à une relation dose-réponse. Les ratios de risque, chez les hommes, étaient de 1,17 (IC à 95 % 1,01-1,37) pour 1 trouble du sommeil rapporté au NHP, de 1,26 (1,01-1,58) pour 2 et de 1,38 (0,98-1,94) pour 3 troubles du sommeil ou plus (p pour la tendance = 0,005), l’impact étant plus marqué chez les moins de 45 ans (ratio de risque : 2,03 ; 1,24-3,33 chez les hommes ayant rapporté 3 troubles de sommeil ou plus). À l’accroissement de 10 points au score NHP (coté de 0 à 100) était associé, pour la mortalité toutes causes chez les hommes, un ratio de risque de 1,07 (1,02-1,11).
S’il n’a pas été noté ici de relation claire entre perturbations du sommeil et mortalité cardiovasculaire, la probabilité de développer deux facteurs de risque établis de maladie cardiovasculaire, l’HTA et le diabète, s’est avérée significativement accrue en cas de troubles du sommeil, chez les hommes et chez les femmes.
Aux associations observées s’ajoute une augmentation de près de 5 fois du risque de décès par suicide chez les hommes ayant signalé 3 troubles du sommeil ou plus, en comparaison de ceux n’en n’ayant rapporté aucun (ratio de risque : 4,99 ; 1,59-15,7), le risque étant atténué, mais persistant, après ajustement poussé sur les symptômes dépressifs (3,84 ; 1,07-13,.
Cette étude, prospective, portant sur près de 17 000 participants, associe, sur un suivi de 19 années, aux troubles du sommeil, chez les hommes uniquement, un risque accru de décès toutes causes, prématuré, et de décès par suicide. Chez les hommes et chez les femmes, c’est une augmentation du risque d’HTA et de diabète qui est relevée. L’analyse a pris en compte nombre de paramètres de morbidité, mais pèche par l’impossibilité d’ajustement sur le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (facteur majeur possible de perturbation du sommeil, de décès prématuré et de maladie cardiovasculaire). NH Rod et coll. insistent sur la nécessité de mise en œuvre de stratégies, évaluant les troubles du sommeil, visant à prévenir les décès prématurés.
Dr Julie Perrot
tedles-
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Re: Mourir de mal dormir
Merci pour le partage .
nour elhouda-
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Re: Mourir de mal dormir
Merci pour l'info tedles...ça fait peur quand meme!!
Merci nour d'avoir ramené à la surface des posts trés interessants!!
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avicene- Membre actif
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