Statines à doses élevées : un risque de diabète ?

by **ismano** Wed 6 Jul - 17:37

Les vertus thérapeutiques des statines sont clairement démontrées et leurs indications dans le traitement des dyslipidémies, notamment des hypercholestérolémies modérées ou sévères, sont fermement établies. Leurs effets indésirables sont pour la plupart connus avec un recul d’une vingtaine d’années. Le risque d’atteinte musculaire est certainement le plus souvent évoqué, mais il est d’autres complications moins connues, telles les tendinopathies, affectant notamment le tendon d’Achille. Une méta-analyse récente suggère que les statines pourraient aussi favoriser la survenue d’un diabète, ce qui est un peu curieux mais le haro actuel sur les médicaments impose de prendre au sérieux toutes les informations de cette nature.

Une autre méta-analyse encore plus récente tend à démontrer que ce risque serait dose-dépendant, ce qui est moins surprenant si l’on se réfère à l’histoire des statines. Elle a porté sur les études publiées entre le 1er janvier 1996 et le 31 mars 2011. La sélection a été sévère, car elle n’a retenu que cinq essais randomisés en tout, choisis à partir de critères stricts : 1) inclusion d’au moins mille patients ; 2) objectifs clairement établis ; 3) comparaison de doses élevées et modérées des médicaments en question avec constitution de deux groupes ; 4) suivi d’au moins une année ; 5) évènements-cibles bien définis : survenue pendant l’essai d’un diabète et d’évènements cardiovasculaires (ECV) majeurs (décès d’origine cardiovasculaire, infarctus du myocarde non létal, accident vasculaire cérébral ou encore nécessité d’une revascularisation myocardique). Les cinq études avaient inclus au total 32 752 participants indemnes de diabète à l’état basal. Au cours du suivi, cette maladie est survenue chez 2 749 d’entre eux, dont 1 449 en cas d’exposition à des doses élevées de statines, versus 1 300 dans l’autre groupe. Le traitement des données a été réalisé au moyen d’une méta-analyse, en l’occurrence un modèle à effets aléatoires.

Dans les faits, 6 684 ECV ont été dénombrés, dont 3 134 et 3 550 dans les deux groupes précédemment définis, la durée du suivi moyen pondéré étant de 4,9 +/-1,9 années. Le nombre d’ECV s’est avéré être 6,5 fois moindre (pour 1000 patients-années) avec les doses élevées de statines. La comparaison intergroupe (doses élevées vs modérées) a révélé que les risques relatifs correspondants, en fait les odds ratios étaient respectivement de 1,12 pour ce qui est de la survenue d’un diabète et de 0,84 pour les ECV majeurs.

En bref, l’association entre la prise de doses élevées de statines et la survenue d’un diabète existe à l’évidence, mais l’OR correspondant n’est pas très élevé. Il est donc bien difficile d’établir un lien de causalité à partir des résultats de cette méta-analyse, même si le niveau de preuve est théoriquement élevé avec ce type d’approche cependant non dénuées de biais, au demeurant liée à la qualité des essais inclus.

Dr John Sorri

Preiss D et coll. : Risk of Incident Diabetes With Intensive-Dose Compared With Moderate-Dose Statin Therapy : A Meta-analysis. JAMA 2011; 305: 2556-2564.

by **nour elhouda** Fri 19 Oct - 4:16

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