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Parkinson : une protéine dysfonctionnelle en cause.

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Post by nour elhouda Tue 27 Nov - 20:04

Parkinson : une protéine dysfonctionnelle en cause


Des chercheurs ont provoqué l’apparition des symptômes de la maladie de Parkinson chez des souris en leur injectant des protéines alpha-synucléines dysfonctionnelles.

Dans les pays occidentaux, la maladie de Parkinson touche entre un et deux pour cent des personnes âgées de plus de 55 ans. Cette maladie neurodégénérative entraîne de multiples troubles moteurs (ralentissement des mouvements, tremblements…), dus à la mort de neurones spécifiques. Au cours de sa progression, une protéine, l’alpha-synucléine, s’agrège dans ces neurones. Mais est-ce la cause ou la conséquence de la maladie ? Kelvin Luck, de l’Université de Pennsylvanie, aux États-Unis, et ses collègues ont montré qu’une injection de protéines alpha-synucléines dysfonctionnelles suffit pour tuer les neurones et causer les symptômes.
La maladie de Parkinson entraîne la mort de nombreux neurones, notamment dans une aire cérébrale nommée substantia nigra pars compacta. Les neurones de cette aire synthétisent de la dopamine, un neurotransmetteur (messager chimique libéré dans une synapse et qui assure la communication entre neurones) essentiel aux mouvements. On estime que les troubles moteurs apparaissent lorsque 70 pour cent de ces neurones sont détruits.
L’alpha-synucléine est impliquée dans la libération de dopamine, notamment en interagissant avec diverses protéines participant à son transport et au franchissement de la membrane cellulaire. Des facteurs génétiques ou environnementaux peuvent causer un mauvais repliement de l’alpha-synucléine, qui prend une configuration tridimensionnelle inhabituelle et ne fonctionne plus normalement. Elle s’accumule alors dans le neurone, formant des dépôts nommés corps ou neurites de Lewy.
Les corps de Lewy suscitaient le débat : certains pensaient que leur formation était provoquée par la maladie de Parkinson (via des mécanismes à déterminer), tandis que d’autres estimaient que c’était précisément cette formation qui déclenchait la maladie. Pour trancher, K. Luck et ses collègues ont injecté des protéines alpha-synucléines déficientes dans le striatum (aire cérébrale impliquée dans les mouvements volontaires et alimentée en dopamine par plusieurs autres aires, telle la substantia nigra pars compacta) de souris sauvages saines. Ils ont ensuite étudié les conséquences après 30, 60 et 180 jours, d’une part en soumettant les souris à des tests moteurs, d'autre part en analysant des coupes de leur cerveau.
Les neurobiologistes ont constaté que les protéines déficientes s’étaient répandues dans de nombreux neurones interconnectés. Selon Étienne Hirsch, directeur de l’Institut thématique multi-organisme (ITMO) neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie d’Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé), la façon dont elles passent d’un neurone à l’autre reste à déterminer. Certains chercheurs pensent que ce passage s’effectue par des pores. Quoi qu’il en soit, les protéines déficientes semblent avoir agi comme des « graines », autour desquelles s’accumulent des protéines saines pour former des corps de Lewy. Le mécanisme serait identique à celui décrit pour les maladies à prions (où les agents pathogènes sont des protéines de forme anormale).
Au bout de six mois, plus du tiers des neurones producteurs de dopamine de la substantia nigra pars compacta étaient détruits. En outre, les souris obtenaient de moins bons résultats à des tests moteurs, tel celui dit du rotarod (l’animal est placé sur un cylindre tournant, et le temps qu’il met à tomber révèle ses capacités de coordination motrice). Ces symptômes sont caractéristiques de la maladie de Parkinson.
Cette maladie serait donc causée par des protéines alpha-synucléines dysfonctionnelles, qui se répandraient dans les neurones interconnectés ; ceux-ci ne fonctionneraient alors plus normalement et finiraient par mourir. Un processus similaire pourrait être impliqué dans d’autres maladies dégénératives, telle celle d’Alzheimer, aussi associée à des protéines déficientes.


Guillaume Jacquemont NEUROSCIENCES ( 26/11/2012)
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