Le Nobel de chimie prime deux médecins américains

by **Doc Aso** Thu 11 Oct - 21:54

Le Nobel de chimie prime deux médecins américains

Deux médecins américains, Robert Lefkowitz et Brian Kobilka, ont reçu mercredi 10 octobre le prix Nobel de chimie 2012 pour leurs travaux sur la description de récepteurs cellulaires, devenus désormais une cible de prédilection pour l'industrie pharmaceutique. Le jury les a récompensés pour leur "étude des récepteurs couplés aux protéines G" (RCPG), qui jouent un rôle essentiel dans la communication entre cellules.
M. Lefkowitz, 69 ans, professeur de médecine et de biochimie, travaille à l'Institut médical Howard Hughes, près de Washington, et à l'université de Duke (Caroline du Nord). M. Kobilka, né en 1955, est professeur à l'université Stanford (Californie). Tous les deux ont fait état de leur surprise lorsqu'ils ont été avertis par le comité Nobel.

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Mais ce prix n'étonne pas les spécialistes. "Nous avons eu ces derniers jours un symposium européen sur le sujet, où nous avons discuté des derniers travaux de Brian, raconte Stefano Marullo, qui dirige une équipe spécialisée dans les RCPG à l'Institut Cochin (Inserm, CNRS, Paris-Descartes). Nous pensions que cela valait le Nobel, mais plutôt de médecine..."

Les premières publications de Lefkowitz sur la question datent de 1968, quand il a utilisé la radioactivité pour localiser les récepteurs sur la paroi cellulaire. "L'équipe a franchi ensuite une grande étape durant les années 1980. Kobilka a relevé le défi d'isoler le gène qui code le récepteur béta-adrénergique à partir du gigantesque génome humain", a indiqué le jury.

"Kobilka était alors post-doctorant dans l'équipe de Lefkowitz, souligne Stefano Marullo. C'est un peu une histoire père-fils." Enfin, en 2011, le disciple a réussi une nouvelle percée, en obtenant par cristallographie une image du récepteur bêta-adrénergique au moment exact où il est activé par une hormone et envoie un signal vers la cellule. "Cette image est une oeuvre d'art moléculaire", selon l'Académie suédoise.

CHAÎNE MOUVANTE

Comment fonctionnent ces récepteurs ? C'est une chaîne mouvante que la recherche a dévoilée : le ligand se lie au récepteur qui modifie la conformation de la protéine G, ce qui engendre des réactions chimiques (inhibitrices ou activatrices) à l'intérieur de la cellule.

Plusieurs centaines de RCPG, dont une grande part concerne la perception olfactive, ont été dénombrés. "Ils sont impliqués dans 100% des fonctions des organismes. Pour 60% d'entre eux, on connaît le ligand qui les fait réagir et 35% des dépenses de santé concernent des médicaments qui ciblent ces mécanismes", souligne Stefano Murillo.

L'industrie pharmaceutique se focalise actuellement sur des récepteurs qui pourraient jouer un rôle dans l'obésité, les maladies neurodégénératives ou psychiatriques. Des domaines où toute innovation pourrait marquer un progrès sensible par rapport à la pharmacopée existante - le coût des études cliniques interdisant de suivre toutes les pistes simultanément.

En France, un groupe de recherche spécialisé sur ce domaine vient d'être créé. Coordonné par le CNRS, il compte 150 chercheurs seniors dans plusieurs équipes. Le double Nobel américain devrait les conforter dans le choix de cette stratégie.
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